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The Red Monkey dans John Wesley Harding

A priori, rien de nouveau. Le héros, The Red Monkey, est roux, il porte des pantalons courts, fait une enquête qui le fait voyager, il prend des risques et rencontre de curieux personnages. La ligne est claire. Le découpage du récit est limpide et efficace.
Difficile de ne pas penser à Tintin, mais ce Tintin-là serait né après 1968, dans l’hémisphère sud — l’auteur, Joe Daly, est l’un des fers de lance de la BD sud-africaine. Un Tintin qui fumerait du cannabis, serait préoccupé par le réchauffement climatique mais n’aurait absolument pas entendu parlé de la chute du Mur de Berlin. Il aurait douze orteils — d’où son surnom — et, d’après son dessin, des vertèbres cervicales complètement bloquées. Et il ne serait pas le seul à avoir des vertèbres immobiles: Paul aussi, et leur amitié serait au centre de l’histoire. Paul s’exprimerait ainsi:

« – Ouais mec, genre tu vis une expérience psycho-émotionnelle intense dans une espèce de forge… genre un endroit pur… de feu et de fer. Tu vois ce que je ressens, vieux ?
–  Ouais, je crois que je vois, Paul…»

Paul entraîne Dave — The Red Monkey — à la recherche de John Wesley Harding. John Wesley Harding est le titre du huitième album de Bob Dylan, et le nom d’un hors-la-loi, certes. Mais ici c’est aussi le nom d’un capybara, le rongeur amphibie le plus gros du monde, qui s’est échappé du sanctuaire des animaux où travaille Paul.

En cherchant l’animal dans les marais de Nahoya, Dave et Paul vont se laisser entraîner dans une enquête qui va changer définitivement leur vie. Entre temps, ils auront rencontré : un collectionneur d’art, un détective privé qui en a, un faiseur de pluie, un beau-père impressionnant, un agent immobilier, une équipe de tournage, un singe domestique appelé Raymond…

Dans l’hypothèse pessimiste, le lecteur se sera arrêté avant la fin, peu séduit par ce genre de loufoqueries, démotivé par la statique du dessin, épuisé par le manque de vie du trait, par le pauvre répertoire des expressions des personnages. Mais avec un peu de persévérance, il se sera laissé entraîner avec bonheur dans de rocambolesques rebondissements, rondement menés. Grace à un univers imaginaire surprenant, il aura croisé une pléthore de petits détails incongrus et réjouissants, nichés dans les cases sans y toucher. Tant est si bien que le classicisme apparent ou la banalité du graphisme de ces pages aura définitivement disparu de ses pensées pour laisser place à un large sourire épanoui.

— Joe Daly, The Red Monkey dans John Wesley Harding, 2009. Ed. L’Association

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