ART | EXPO

The Prisoner’s Cinema

07 Mai - 15 Juin 2008
Vernissage le 06 Mai 2008

Une image simple et une bande son omniprésente, voilà la principale configuration de The Prisoner’s Cinema, vidéo que présente l’artiste Melvin Moti. Ce film rend compte d’un phénomène visuel rapporté par des prisonniers enfermés longtemps dans des cellules sombres. L’artiste tente d’en traduire plastiquement les effets, à l’aide de lumières projetées sur un vitrail. Le spectateur devient alors le réalisateur de son propre film.

Melvin Moti
The Prisoner’s Cinema

Le Frac Champagne-Ardenne présente la première exposition en France de l’artiste néerlandais Melvin Moti, dont la pratique relève principalement des champs du cinéma et de la vidéo. Chacun de ses films est le fruit d’une lente et minutieuse recherche documentaire à laquelle l’artiste va conférer une dimension poétique et personnelle.

À travers une étude des mécanismes de l’histoire, Melvin Moti propose une relecture personnelle de faits historiques où le son et l’oralité jouent un rôle prédominant. Si les images relèvent le plus souvent du nonspectaculaire, la bande son est quant à elle toujours chargée d’une signification autre qui en dégage une nouvelle perspective.

Ainsi, dans Stories from Surinam, 2002, l’artiste part à la recherche de ses racines à travers l’histoire de 34 000 ouvriers indiens qui, entre 1873 et 1916, ont quitté l’Inde pour rejoindre les plantations hollandaises du Surinam. En entremêlant diverses anecdotes personnelles qu’il a glanées ici et là, la structure du film laisse un espace d’expression à l’oralité, à qui les perspectives sociales et historiques proposées par les livres laissent peu de chance de survie.

Chacun des projets menés par Melvin Moti est empreint d’une rigueur qui met à jour une qualité aux limites de l’abstraction. L’artiste a grandi dans les années 1980 et 1990 – décennies de surabondance de signes visuels, ce qui a affiné son rapport aux images. Il déclare que « la profusion provoque surtout une sensation d’ennui » et qu’il a « toujours été fasciné par la simplicité et par l’abstraction associées à cette simplicité. » C’est justement cette qualité déchargée d’éléments superflus qui teinte No Show, film réalisé en 2004 et qui raconte une visité guidée insolite du musée de l’Ermitage. Lorsqu’en 1941, la collection de l’Ermitage a été démontée à la hâte, seuls les cadres vides sont restés accrochés aux murs du musée. En 1943, Pavel Gubchevsky organisait des visites guidées pour des groupes de soldats à travers le musée ainsi dépouillé, le long des murs aveugles. Le film oscille ainsi entre faits réels et pure imagination.

Melvin Moti présentera au Frac Champagne-Ardenne The Prisoner’s Cinema, oeuvre inédite au format cinéma 35mm produite pour l’occasion. Ce film rend compte d’un phénomène visuel rapporté par des prisonniers enfermés longtemps dans des cellules sombres. Egalement relaté par des camionneurs et des pilotes de ligne, ce phénomène entoptique est la conséquence d’un enfermement de longue durée dans un espace clos qu’aucune information visuelle externe ne vient perturber. Cette vision – ou « cinéma » – consiste en des lumières surgissant de l’obscurité, dans des couleurs et formes géométriques variées. Ces formes lumineuses sont comme projetées face au sujet qui devient ainsi le réalisateur de son propre film.

The Prisoner’s Cinema
consiste en des images abstraites de rayons de lumière à travers un vitrail d’église, accompagné de la bande son d’un scientifique décrivant sa vision après avoir été privée de ses sens pendant plusieurs jours. L’étude et les recherches effectuées par Melvin Moti sur cet effet physiologique lui ont pris environ un an. Ce film rend compte de ces formes lumineuses projetées, mises en perspective avec le formalisme, la mémoire et l’histoire.

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