Camille Varenne, Marie Voignier, Karl Kels
The Player – Exotisme?
Un programme de vidéos consacré à la notion d’exotisme est proposé par The Player: l’espace dédié à l’image en mouvement au site d’Angoulême du Fonds régional d’art contemporain Poitou-Charentes.
Les trois films de ce cycle présentent des approches contrastées de l’exotisme. Chacun à leur manière, ils en explorent la double nature de l’exotisme: un intérêt pour l’étranger qui influence la vision que l’on en a. L’exotisme combine une curiosité et une attirance pour l’altérité, avec une incompréhension fondamentale.
Le film Wéfo a été tourné en 2015 par Camille Varenne au cours d’un séjour de trois mois à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Il est consacré aux liens intimes, teintés d’animisme, qui unissent le cheval au peuple burkinabé. Entièrement conçu et réalisé en immersion dans la communauté des guerriers, le film est devenu le moyen et le lieu d’une rencontre et d’échanges de Camille Varenne avec cette communauté. Et la caméra un outil pour dépasser l’altérité culturelle.
Entre documentaire et fiction, le film L’Hypothèse de Mokélé-mbembé de Marie Voignier suit l’explorateur Michel Ballot dans un périple à travers le sud du Cameroun, à la recherche d’un animal mythique, le Mokélé-mbembé. L’existence de cet animal ressemblant à un dinosaure, décrit depuis plus de deux siècles dans les récits des Pygmées Baka, n’a jamais pu être vérifiée scientifiquement. Aucun spécimen ni squelette n’ont pu en apporter la preuve. Pourtant, Michel Ballot, convaincu de la véracité de ces récits, entreprend régulièrement des expéditions dans le bassin du Congo pour dénicher l’animal. Le film suit sa quête sans prendre position sur l’existence du Mokélé-mbembé. Son sujet est ailleurs: c’est la croyance d’un homme dans le bien-fondé de sa quête, c’est celle des Pygmées dans l’existence de l’animal, et surtout c’est celle du spectateur, de sa capacité à faire sienne la croyance d’autruit. Le film suit de près l’expédition de Michel Ballot afin que l’on s’approprie sa certitude et sa quête.
Le film en noir et blanc de Karl Kels intitulé Flusspferde (Hippopotames) dévoile la part d’illusion de l’exotisme. Tourné dans le zoo de Vienne en Autriche, il alterne suivant un rythme lent et répétitif d’images : celles des d’hippopotames qui entrent et sortent de leur bassin au moment de l’ouverture et de la fermeture des portes, celles des employés qui entretiennent le site. L’environnement originel des animaux évocateurs d’exotisme est remplacé par un enclos de béton, tandis que l’observation de leurs activités se limite à un spectacle rébarbatif.