Communiqué de presse
Mick Peter
The Nose
Le Nez témoigne de la réalité grotesque de la ville de Saint-Pétersbourg, capitale érigée dans la plus grande incohérence et régie par la stupidité de son régime bureaucratique. Elle sert de cadre où s’agite une humanité au destin blafard. Parmi ce fourmillement, Gogol nous conte les aventures de Kovaliov, un agent de l’administration russe, assesseur de collège, dont le nez a subitement pris la fuite.
Par le truchement des pérégrinations du nez devenu conseiller d’état et suivant la recherche de ce fugitif organe par son propriétaire, Gogol dresse un portrait satirique de Saint-Pétersbourg. Cette ville nouvelle, artificielle et trompeuse proclamée «fenêtre sur l’Europe» par l’Empereur Pierre Le Grand, n’est qu’un mythe ou une image.
L’existence de plusieurs fins pour cette nouvelle est une des caractéristiques de l’oeuvre qui a retenu toute l’attention de Mick Peter. Gogol conclut tantôt sur le pourquoi d’une telle fiction ou sur la vraisemblance même de l’histoire. Cependant, l’errance du nez demeure peu explicable et finalement sans importance. De ces effets de distanciation et de cette conception de la fiction comme pure construction, Mick Peter tire de nouvelles formes habitées par l’amusement même que suscite la narration.
Reprendre Le Nez de Gogol, dont il n’existe pas vraiment de version définitive, semble donc en soi tout à fait grotesque. Si tant est que cette entreprise, basée sur une narration délirante, puisse procéder d’une quelconque idée directive, la version de Mick Peter résulte d’une réaction en chaîne ou d’un e!et de répétition. Il s’est en effet inspiré de l’opéra de Chostakovitch qui est donc une reprise du Nez de Gogol, Mick Peter emboîte ainsi le pas et explique que «l’adaptation se superpose à l’adaptation».