Marnie Weber
The Nature of Time
La temporalité est définie et marquée par nos expériences. On en devient conscient à certaines occasions, qu’elles soient d’importance ou non. Le passage du temps est difficile à saisir par définition, il se matérialise parfois par un souvenir, une photo, une histoire qu’on nous raconte ou se mesure simplement par le tic-tac d’une horloge. Le temps peut être raconté et romancé au travers de photographies et d’images déclenchant en nous des souvenirs. En tant qu’artiste qui s’est toujours intéressée à la création de fictions et à la distorsion de la réalité, Marnie Weber porte un regard sur le monde qui privilège toujours le dramatique et le théâtral à la banalité.
Le Diary Project est une exploration et une mise à jour d’images archivées depuis trente ans. Marnie Weber l’a conçu sous forme de collages comme une sorte de rétrospective de sa collection, utilisant des montages photo présents dans d’autres œuvres, ainsi que des images choisies dans des magazines. Réalisant un collage pour chaque jour, elle couvre ainsi une année entière arrivant à un total de 366.
Par ailleurs, Marnie Weber poursuit durant cette période d’autres aspects de son travail: voyageant à Oaxaca (Mexique) à l’occasion du Jour des Morts à la recherche de masques de monstres, travaillant sur un nouveau film, réalisant des expositions et des performances, jouant de la musique et toujours continuant à voyager, n’oubliant pas les vacances et le plaisir du passage des saisons. Tout ceci se traduisant dans ses collages comme autant de jours banalement heureux ou tristes et faits de moments douloureux.
Les personnages haut en couleurs habillés de costumes extraordinaires proviennent de ses performances et de ses films. Les poupées qui apparaissent ici et là sont des souvenirs d’une série précédente basée sur les maisons de poupées. On voit réapparaître certains éléments de collages plus anciens dans lesquels elle utilisait des images de nus provenant de magazine «porno soft». On retrouve aussi des éléments de sa série The Spirit Girls qui sont ici réactivés. Les thèmes de la petite fille et de la Nature sont récurrents chez elle et peuvent se voir comme le reflet de son enfance passée dans la campagne du Connecticut. Sont, bien entendu, toujours présents ses animaux espiègles et ses fantômes, le spirituel et le surréel s’entremêlant sans fin.
Accompagnant ces travaux, on découvre une nouvelle série composée de collage sur peinture, qui est une représentation à la fois romantique et surréaliste des quatre saisons. Bras émergeants de buissons dans un décor de paysages enneigés, corps flottants sur une mer estivale, printemps où l’on voit des jeunes filles éclore comme des fleurs ou encore l’automne représenté par l’artiste elle-même sous forme d’épouvantail.
L’exposition doit se comprendre et se voir comme une sorte d’aboutissement de la vie de l’artiste. Une vie passée à glaner des images, à travailler sur des collages, à créer des personnages au travers de performances et de déguisements qu’elle résume ainsi dans une unité de lieu, image par image, jour après jour, instant après instant.