Florian et Michael Quistrebert
The Light of the Light
Le Palais de Tokyo présente la première exposition monographique d’envergure de Florian et Michael Quistrebert (nés à Nantes en 1982 et 1976, vivent entre Paris et Amsterdam). Le duo fraternel, nommé au prix Marcel Duchamp en 2014, réalise un ensemble d’œuvres inédites à cette occasion. Mêlant les couleurs, la lumière, la masse et les illusions, les Quistrebert jouent avec l’esprit et la vision du visiteur, entraînant sa perception vers d’autres dimensions.
Invités à investir une surface de 1000 m2 au Palais de Tokyo, ils déploient un vaste théâtre optique au sein duquel lumières, vidéos et peintures conduisent le visiteur à évoluer entre des œuvres dont l’expérience est troublée par les brillances et les mouvements internes des objets.
Convoquant, parmi d’autres, les fantômes de Malevitch, De Staël, Tà pies et Picasso, ils rejouent dans leurs œuvres de grands motifs de l’art moderne à partir de techniques expérimentales contemporaines, qu’ils associent à une approche singulière de la matière. Leurs peintures, comme leurs vidéos, explorent des effets d’ombre et de lumière pour leur potentiel hypnotisant et fascinant.
Paradoxales, les œuvres de Florian et Michael Quistrebert évoquent par la peinture l’impossibilité de la saisie du tableau. Depuis plusieurs années, ils en explorent ainsi la perception en le saisissant sous différents aspects, intellectuels, optiques, symboliques ou encore occultes.
Les peintures qui naissent de leur collaboration, entamée en 2007, sont parfois encombrées de matière, parfois effacées ou diluées. Elles ne sont jamais ce qu’elles montrent, ou plutôt ne se stabilisent jamais à l’endroit de leur sujet. «Nous avons voulu faire une peinture qui parle d’elle-même plutôt qu’une peinture «à côté» de la peinture.» (Citation des artistes extraite d’un entretien avec Julien Bécourt, Florian et Michael Quistrebert, La clairvoyance de l’ombre)
Une posture née en 2009, lorsque les frères Quistrebert bouleversent leur pratique au cours d’une résidence à New York, renouant à leur manière avec un pan de la modernité du début du XXème siècle lié à l’occultisme et au mysticisme. «Toute la part occulte s’est révélée à nous lors de notre séjour à New York: nous cherchions à nous appuyer sur le modernisme, mais un modernisme qui serait habité, hanté.»
Parmi la cinquantaine d’œuvres peintes conçues pour l’exposition, certaines pivotent lentement sur elles-mêmes, comme mues par une énergie propre. De grand format, leurs surfaces aux couleurs iridescentes étonnent tant par leur fini brillant, étincelant, que par la manière dont elles reflètent les lumières artificielles et naturelles de leur environnement. Leur lent tournoiement mécanique et la projection d’une vidéo monumentale en fin de parcours perturbent alors l’équilibre et les repères sensitifs du spectateur en immersion.
«Bombes de peintures vaporeuses, eau de javel, bière, pâte à modeler, toile de jute, LED colorées, peinture laque pour carrosserie: depuis 2009, Florian et Michael Quistrebert déploient des outils volontairement pauvres pour actualiser, transgresser ou pervertir des samples de l’histoire de l’art.» (Citation de Khairuddin Hori et Hugo Vitrani, commissaires de l’exposition)
Vernissage
Jeudi 18 février 2016
critique
The Light of the Light