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The Last Lost Lake and Other Stories

Le titre de l’exposition, en anglais, rappelle celui de Lost Lost Lost, film poétique, nostalgique, sentimental, réalisé en 1976 par Jonas Mekas. Les deux univers sont proches dans la mesure où ils expriment un certain décalage. Dans le cas présent, chez Martine Aballéa, comme du reste la plupart du temps chez le cinéaste, il aussi est question de paradis perdu. Que ce soit dans le contenu paysager des images ou dans une approche «écologique» de l’image.

Cette distance avec la prise de vue «pure et simple», naturaliste, de la nature, Martine Aballéa la marque en abandonnant (provisoirement ?) les tirages couleur et en revenant au noir et blanc d’antan, à celui du daguerréotype, qu’elle avive de teintes prélevées dans la gamme de produits type Lumocolor, appliquées «à la main» et pas du tout par ordinateur.
   
On ne sait pas vraiment quand et où ont été pris les points de vue. On sent, par certains signes qui peuvent être trompeurs (un certain piqué, un type de contraste, la qualité des colorants, etc.), que les clichés sont récents, mais on ne saurait ni les dater précisément ni les situer géographiquement.

La procédure choisie par l’artiste peut paraître anachronique puisqu’il est plus facile, de nos jours, de produire des images en couleur qu’en noir et blanc. En numérique qu’en analogique. Tout se passe comme si l’artiste voulait signifier par cette option technique, en apparence du passé (dépassée?), que ce qui compte pour elle dans un paysage, ce n’est pas sa nature mais sa structure.

Dans la petite salle du fond de la galerie, on pourra découvrir des clichés plus anciens, réalisés à la fin des années 90 — voire dans les années 80. Ces œuvres post-conceptuelles produisent du texte, donc du sens, ce qui, en un sens, limite la rêverie, la méditation, la spéculation — au sens premier du terme.

Ces images-signes peuvent être disposés verticalement, en portrait, ou bien assemblés façon puzzles, en pentaptyque ; les titres sont déprimés, les paysages désaffectés, le lieux dits ou illustrés laissés à l’abandon.

Les photos récentes, exécutées en 2009, assument franchement, sans complexe aucun, leur picturalité: non seulement parce qu’elles ont été teintes, feintes ou peintes, mais parce que les cadrages et les angles retenus par l’artiste mettent en valeur certaines combinaisons, plutôt que d’autres, dans l’infini protéen du paysage.

Les feuillages «de» Martine Aballéa sont verdoyants mais ils présentent également des irisations améthyste. «Ses» pièces d’eau sont azurées, célestes, comme il se doit, mais elles sont par ailleurs illuminées de halos plus clairs ou tachées de traînées glauques. «Ses» herbes sont loin d’être folles et mêlent des tons et demi-tons qui vont de l’absinthe au charron, en passant par l’amande.

«Ses» troncs d’arbre forment des croisillons, des compositions qui peuvent faire songer aux lances des guerriers de San Romano autrefois stylisées par Uccello…

Martine Aballéa
— Neige végétale, 2001. Fil et cannetille d’or, paillettes, fils de soie et de coton, gel silicone et organsin de soie. 15 cm de diamètre
— Visions rances, Série Épaves du désir 1995. Photographie noir et blanc, peinte à l’encre, texte sérigraphié. 90 x 60 cm
— Passions plombées, Série Épaves du désir 1995. Photographie noir et blanc, peinte à l’encre, texte sérigraphié. 90 x 60 cm
— The last lost lake 3, 2009. Aquarelle et pastel sur épreuve numérique pigmentaire. 59 x 79 cm
— The last lost lake 1, 2009. Aquarelle et pastel sur épreuve numérique pigmentaire. 59 x 79 cm

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