Communiqué de presse
Jorge Satorre
The Indirect Gaze (L’observation indirecte)
Jorge Satorre revendique la primeur de l’expérience et privilégie le processus de recherche et l’effort qu’il implique.
Ses modes de présentation habituels (dessins, vidéos, performances) relèvent de la suggestion, ils sont les outils de récupération d’une mémoire et non une documentation fidèle qui permettrait de retracer un évènement ou l’histoire d’un lieu.
Ils fonctionnent comme des tentatives subjectives d’interprétation.
A l’aune de ce désir d’élucidation intime, Jorge Satorre se réapproprie parfois des événements légendaires de l’histoire de l’art (la performance Shoot de Chris Burden, ou encore celle de Gordon Matta Clark, Windows blow out), rejouant l’action sur un mode non spectaculaire ou s’en faisant l’exégète obstiné.
L’artiste revisite également certaines histoires locales vouées à l’oubli: qu’il enregistre la mémoire d’un village mourrant (Piaxtla, à la frontière mexicaine, en 2009) ou celle d’une vieille fourgonnette érigée en monument par les habitants de l’île de Sherkin en Irlande (The Barry’s Van Tour, 2007), qu’il fasse voyager les pierres (The erratic. Measuring compensation, 2009)ou décrypte leur valeur mythique (My Dolmen, 2007-2008), l’artiste cerne l’impact du souvenir (collectif ou personnel), la construction et la fictionnalisation de l’histoire.
Ses dessins et ses films s’envisagent ainsi comme des réceptacles hybrides, à la charge émotive très forte, qui prennent la mesure des phénomènes de migration (des populations, des objets) et de mutation (des fonctionnalités et des symboliques) régissant notre monde.
A Saint-Nazaire, où il renouvelle sa résidence en 2010, Jorge Satorre exposera un ensemble de productions spécifiques (dessins, photos, textes, vidéos) en lien étroit avec le contexte géographique et la relation de la ville portuaire à son passé.
Le titre de l’exposition, « The Indirect Gaze (L’observation indirecte) », se réfère à un terme d’astronomie: il décrit la méthode utilisée pour observer les subtils changements de brillance des exoplanètes, objets infiniment éloignés de notre système solaire.
Cette méthode pourrait se comparer à celle que Jorge Satorre a développé ces dernières années en tentant d’interpréter des lieux radicalement inconnus ou étrangers, tel que Saint-Nazaire lui apparut lors de ses premiers repérages. Ses projets pensés in situ contiennent la révélation d’une histoire enfouie, liée à la construction des grands navires désormais fantômes, au destin trouble de la statuaire publique et à l’inventaire des sites d’accueil présumés de dolmens aujourd’hui disparus, à Saint-Nazaire et alentour.