Emily Wardill
The Hands Of A Clock, Even When Out Of Order, Must Know And Let The Dumbest Little Watch Know Where They Stand, Otherwise Neither Is A Dial But Only A White Face With A Trick Mustache
Les concepts philosophiques, politiques et psychanalytiques forment l’essence même des films d’Emily Wardill. Ces derniers retracent une histoire de la pensée, par le biais de narrations multiples, agrémentées de nombreuses pistes sonores composées par Emily Wardill elle-même.
Sa grammaire filmique est mystérieuse, puisque les codes classiques de l’interprétation y sont obsolètes, et qu’il faut pénétrer dans ce qui semble être une représentation de l’inconscient. Plusieurs niveaux de narration s’entrecroisent alors, rappelant parfois les formes fassbinderiennes du mélodrame, et permettant d’associer un propos éminemment politique à des références visuelles plus populaires.
Tout le travail d’Emily Wardill semble donc être une vaste expérience scientifique qui catapulte le «regardeur» en suspension entre le postulat de départ et le résultat final, là où l’irrationnel devient un passage obligé pour parvenir à comprendre une situation donnée.
Ainsi, Fulll Firearms, nouveau long-métrage en production, prend la forme d’un mélodrame narrant l’histoire d’Imelda, une femme d’une quarantaine d’années qui vient d’hériter de la fortune paternelle. Avec cet argent, elle décide de construire une maison afin d’y loger les fantômes des personnes tuées par les armes produites par la firme de son défunt père.
Rapidement, des squatters investissent une partie de la propriété en cours de construction. La perception qu’Imelda a de ces squatters est biaisée ; si elle n’est pas hostile à leur présence, c’est qu’elle les voit simplement comme les fantômes qu’elle attendait.
Le court-métrage The Pips, pour sa part, filmé en 16mm en noir et blanc puis transféré en numérique, se concentre sur la figure de Francesca Jones, championne de gymnastique britannique. Les formes créées par son ruban, décrivant des mouvements dans l’air, sont le reflet de ses actions.
Mais progressivement, le corps de la gymnaste, impassible, se distord jusqu’à la contraindre à l’immobilité. C’est alors que ses actions commencent par exister par elles-mêmes, dans la répétition et la plasticité.