Brook Andrew
The Forest
La galerie Nathalie Obadia présente une nouvelle exposition de Brook Andrew. Depuis presque vingt ans, cet artiste australien mène un conséquent travail de recherche et de création autour du colonialisme.
Chez Brook Andrew, le processus artistique est nourri par une phase préliminaire de recherche approfondie. Consultant des collections publiques et privées internationales et communiquant avec des populations locales, il exhume des documents historiques, des objets propres à des communautés coloniales et des exemples d’imagerie impérialiste.
Les documents originaux proviennent de la collection personnelle de Brook Andrew, du Musée d’Archéologie et d’Anthropologie de Cambridge ou, en France, du Musée du Quai Branly, où il effectue actuellement une résidence. Ces objets issus de tous les continents réactivent le discours officiel de l’impérialisme: cartes postales anciennes, photographies documentaires, coupures de presse, ouvrages scolaires, disques, objets véhiculant les représentations des indigènes…
Ces éléments sont ensuite intégrés dans des dispositifs artistiques qui engagent de nouvelles interprétations, un nouveau récit loin de celui dominant notre histoire coloniale. Présentés hors de leur cadre scientifique habituel, ils retrouvent leur fonction pure de témoignage.
L’exposition «The Forest» présente une sélection d’œuvres inédites dans lesquelles des documents d’archives originaux sont reproduits pour être ensuite retravaillés, redimensionnés, repeints, sérigraphiés, soulignés de néons… Ils sont associés à des objets hétéroclites, agencés dans des collages et mises en scène graphiques, inclus dans des installations qui les font dialoguer.
Sunset III présente sur un panneau de bois un ensemble de documents qui se répondent: un dessin typique de la représentation des peuples autochtones en sauvages, un exemplaire du Petit Journal titrant «La France vient au secours de la Martinique», un disque vinyle d’Harold Blair, ténor et militant aborigène… L’utilisation pour le cadre du bois Sapelli est elle-même porteuse de sens puisqu’elle évoque la raréfaction de cette essence africaine qui suivit son utilisation intensive pour le mobilier moderniste à la mode dans les années 1950 en Occident.
Par la richesse de sa documentation initiale et l’acuité des interactions qu’il propose, Brook Andrew présente avec «The Forest» une exposition immersive dans laquelle nous sommes invités à relire notre histoire et à découvrir des interprétations alternatives de notre héritage collectif.