Steven Cohen
The Cradle of Humankind
Steven Cohen, danseur et plasticien né en 1962 à Johannesbourg, s’est fait connaître par ses performances spectaculaires qui associent travail sur le corps et intervention dans l’espace public, interrogeant ses multiples identités d’outsider universel — en tant qu’homme juif, blanc et homosexuel.
Pour Golgotha, présenté en 2009 au Centre Pompidou dans le cadre du Festival d’Automne, l’artiste déambulait dans Wall Street juché sur des talons hauts formés de crânes, manière d’interroger la violence économique de notre temps.
The Cradle of Humankind s’offre, presque à rebours, comme un retour aux origines de l’homme, comme une réflexion sur son évolution traversée de violence. Mais il s’agit, en faisant émerger ce qui nous lie à cet humain primitif, de mieux réfléchir sur notre présent. Pour cette pièce, Steven Cohen s’est rendu dans les Swartkrans Caves, grottes classées par l’UNESCO comme étant le «berceau de l’humanité».
Ce lieu le fascine car il témoigne de ce moment où l’homme, devenu bipède et maîtrisant le feu, a libéré le mouvement et créé les conditions de la toute première performance. Sur scène, des projections de performances réalisées dans les grottes s’associent à une chorégraphie à deux. Steven Cohen y partage la scène avec Nomsa Dhlamini, femme sud-africaine de quatre-vingt-dix ans, qui fut sa nourrice et dont la figure parcourt l’œuvre de l’artiste. Sur scène, sa présence crée, dans sa nudité, une apparition à la fois intime et universelle. Dans cette contraction des temps et des lieux, les peintures rupestres répondent à l’art contemporain, et les permanences de l’humain se font jour –ses pulsions toujours reconduites à la violence, à la cruauté, à la prédation.
Ce sont finalement autant les chaînons de notre évolution que les liens qui se tissent entre les hommes qui sont explorés, au prisme d’une véritable danse de transe.
critique
The Cradle of Humankind