ART | EXPO

The Blind for the Blind

06 Mar - 17 Avr 2014
Vernissage le 06 Mar 2014

Des portraits d’hommes et de femmes souvent nus, allégories d’amours contrariés. Les sculptures de l’artiste coréen tentent de retranscrire les émotions cachées, la solitude, la sexualité, l’incommunicabilité, l’aliénation, la peur. Une observation de la société empreinte d’un amer pessimisme mais aussi d’une profonde empathie.

Choi Xooang
The Blind for the Blind

Né à Séoul en 1975, où il vit et travaille, Choi Xooang appartient à une génération d’artistes marqués par les bouleversements économiques et politiques de la Corée de ces 20 dernières années. Il expose dans son pays et en France depuis 10 ans. Après des études de sculpture à l’université et des participations à des films d’animation il s’oriente vers une œuvre plus solitaire qui explore les travers d’une humanité souffrante.

Dans une galerie de portraits saisissants d’hommes et de femmes souvent nus, il tente de retranscrire les émotions cachées, la solitude, la sexualité, l’incommunicabilité, l’aliénation, la peur. Un certain nombre de thèmes sont récurrents dans son œuvre et son observation de la société est empreinte d’un amer pessimisme mais aussi d’une profonde empathie.

Après l’étude d’autistes désemparés dans «le Syndrome d’Asperger» (à la galerie en 2009) une nouvelle série «the Blind for the Blind» explore les aliénations de ses contemporains dans des figurines en résine peintes, tout aussi minutieuses que spectaculaires. Dans la veine sensationnaliste d’une génération de «bricoleurs» de génie comme les frères Chapman, Patricia Piccinini, Marc Quinn, Ron Mueck ou Evan Penny, Choi Xooang met son éblouissante technique hyperréaliste au service d’un univers à la limite du macabre. Des jeunes gens s’essaient à des tentatives de communication et même d’accouplement.

Cette fois-ci, il met en scène, dans sa galerie de personnages, des couples, parfois des paires et même des doubles. Des étreintes comme des luttes, des pénétrations au poing, des jeunes filles qui se cherchent un reflet dans un miroir flou, des vampirisations mentales. Des corps à corps, contre corps qui deviennent des allégories d’amours contrariés. Aucun de ces héros malheureux ne se regarde et les empêchements succèdent aux embrasements.

Les chairs tourmentées, bleuies, traitées avec une éblouissante technique se superposent et des rubans corsettent les torses et les blessures béantes. Son humanité est jeune et les balbutiements des premiers désirs se contraignent dans la peur et l’agressivité. Il souligne les troubles émotionnels par des distorsions de membres, des coupes, floute ou précise les visages, les organes, un détail, pour en grandir la portée symbolique ou la sensibilité… Des prothèses monstrueuses complètent et appareillent sa collection de freaks.

Comme Cronenberg dans son film Crash, il accentue l’érotisation perverse fondée sur la fascination et la répulsion. Au-delà, il raconte aussi en la symbolisant la part mutilée de chacun. Dégradation, greffes, tatouages de dieux tutélaires des tombes égyptiennes, sutures de chairs, zoomorphies, mutations, crânes-masques. Le corps devient un symptôme, une somatisation des conflits psychiques, sociaux, institutionnels.

Cet artiste écartelé dans un pays déjà divisé, incarne le paradigme de l’altérité. Dans ces figures miniatures qui deviennent des doubles d’autoportrait, il modifie la perception des limites de l’humain et établit une identification au blessé, à l’incomplet, au mutilé. Une passerelle de compassion, de réhabilitation du lien social, émotionnel.

«Tous les êtres humains vivent dans l’incertitude. Tous ressentent de l’ambivalence dans leur vie intérieure mais aussi sociale. La perfection n’existe pas. Faiblesse, ténacité, beauté et laideur coexistent dans la vie de chacun. C’est cette vérité que je projette dans mes pièces» déclarait Choi Xooang dans le magazine Hey.

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