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The Black Soil Power Project

PRaphaël Brunel
@12 Jan 2008

En ouvrant sa pratique artistique à d’autres champs comme l’architecture, le design et l’écologie, Patrick Everaert met en place une œuvre-programme, qui pense les moyens de concilier l’activité humaine et le respect environnemental, qui invente un « vivre demain ».

Il plane une atmosphère particulière ces temps-ci à la Galerie Aline Vidal, de celles qui précèdent les grandes découvertes, qui nourrissent des idées ambitieuses et les intuitions de Géo Trouvetou. Mais il ne s’agit pas ici d’ironiser, l’affaire est sérieuse, son enjeu tout autant.
Les quelques moucherons qui volent dans la galerie surprennent également le visiteur habitué des lieux et témoignent d’un mouvement en marche, d’une décomposition de matières. Quelque chose d’organique ou de végétale. Les murs blancs de la galerie ne semblent plus renvoyer au White Cube, mais au laboratoire, à un lieu d’expérimentation et de production.

A l’heure où la conférence de Bali sur le réchauffement climatique tombe à nouveau dans une impasse, Patrick Everaert campe rue Bonaparte et présente les avancés de son Black Soil Power Project. Un programme écologique, comme il le définit lui-même.

Pourtant, de Patrick Everaert, on est habitué à voir ses grandes photographies élégantes, qui empruntent autant à la tradition picturale qu’à celle du reportage. L’image n’a certes pas disparu, mais elle est cette fois envisagée comme un document qui rend compte des parties cachées du projet, qui en éclaircit les contours.

En croisant architecture, design et questionnement artistique, le projet d’Everaert revêt les ambitions de l’œuvre d’art totale : créer une structure habitable et des outils de vie quotidienne qui seraient en adéquation avec la nature, qui produiraient de la «reliance» entre l’homme et son environnement.

Plus éthique que politique, ce travail cherche à mettre en place des solutions écologiques applicables tout en rejetant l’angélisme ou les scénarios de fin du monde trop souvent de mises dans les discours de ce type. Il s’agit donc de se réapproprier un sujet parfois galvaudé et lui offrir une forme, une contribution esthétique et humaniste, qui propose au spectateur un support de réflexion.

Patrick Everaert projette une architecture qui structurerait les exigences primaires de l’homme : l’abri, la nourriture et l’accès au savoir, tout en respectant les critères d’une construction écologiquement durable.
A la Galerie Aline Vidal, il présente la première étape de son projet, un ensemble d’objets utilitaires, comme l’Aquaphonic Nursery, un système organisé verticalement qui permet l’élevage d’alevins et crustacés tout en cultivant de jeunes plants de légumes. Toujours dans le domaine gastronomique, les Caves à champignons portables permettent la culture saine d’espèces choisies pour leur qualité gustative.

Parmi les éléments qui constituent ce nouveau design écologique, on trouve également un Lombricomposteur, qui permet de traiter les déchets organiques pour les transformer en engrais liquide, un Amendement, à base de moules concassées, destiné à enrichir les sols pauvres en calcaire, ou encore une Table à semis équipée pour la préparation et la germination de semis prévus pour alimenter les Vegetale Walls, les murs porteurs de la structure architecturale.

En ouvrant sa pratique artistique à d’autres champs comme l’architecture, le design et l’écologie, Patrick Everaert met en place une œuvre-programme, qui pense les moyens de concilier l’activité humaine et ses besoins en énergie et le respect environnemental, qui invente un «vivre demain».

Patrick Everaert
— Aquaponic Nursery, 2007. Métal peint, bois, plastique, gravier, eau. 190 x 106 cm
— Lombricomposteur, 2007. Métal compost, vers (Eisenia Fetida), bois, caoutchouc recyclé, métal, verre.
41 x 61 x 81 cm
— Table à semis, 2007. Métal peint, céramique, verre. 137,5 x 137,5 x 68 cm
— Caves à champignons portable, 2007. bois, mousse, plastique, copeaux de bois, mycélium.
135 x 38 x 30 cm l’ensemble
— La Banque, 2007. Bois, métal, semences, oignons, tubercules. 86 x 50 x 52 cm
— Amendement, 2007. Plastique recyclé, moules concassées. Hauteur 33 cm x diamètre 43 cm
— Statistiques précaires, 2007. Bambou. 190 x 25 x 20 cm chaque bambou
— La Roue de la fortune, 2007. Bois, lin, cuir, métal, papier journal, terreau, légumes.
Hauteur 51 cm – Diamètre 110 cm
— Something Like An Individual Sustainable Unit : 1 Rain Water Collector – 5 Savonius Wind Turbines – 1 Earthtube, 2007. papercrete, céramique noire. diametre 30 cm, hauteur : 17 cm
— Something Like A Fonctional Object, 2007. Papercrete. 25,5 x 16 x 2 cm
— BSPP image n°1, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°2, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°3, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°4, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°5, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°6, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°7, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°8, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°9, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°10, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°11, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°12, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm
— BSPP image n°13, 2007. Photo couleur. 40 x 30 cm

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