Florian & Michaël Quistrebert
The Birth of a Psychic Heart, The Calm Before & the Calm Beyond, High on the Hill, The Pleasant Appearance, Springing from the Swamp, The Death of the Dead-killers…
La galerie Crèvecoeur présente «The Birth of a Psychic Heart, The Calm Before & the Calm Beyond, High on the Hill, The Pleasant Appearance, Springing from the Swamp, The Death of the Deadkillers…» la première exposition personnelle parisienne de Florian & Michaël Quistrebert. Sous une floppée de titres qui pourraient constituer les chansons d’un album rock débridé, les deux frères nantais présentent leurs créations récentes dans une ambiance délétère et frousse.
Si on leur prête généralement une multitude d’influences, qu’elles soient musicales, cinématographiques ou picturales, c’est d’avantage du côté de leurs échanges créatifs, de cette forme étrange d’«échangisme cérébral», qu’il faut chercher l’alchimie qui préside à la réalisation de leurs oeuvres.
La liste des titres s’allonge à l’approche de leurs tableaux de la série Flow Eagle Flow, où Fried Face, antihéros récurrent, erre seul parmi un relief tantôt escarpé, tantôt désertique, toujours vide et houleux. Elle s’allonge encore avec The Birthday of Death et El Sueno, deux toiles majeures dans leur production où l’on retrouve leurs obsessions prégnantes: le cauchemar de l’isolement et son exutoire irréel, fantasmé. Postromantisme trash et kitsch résolu s’entrechoquent dans cette pratique acérée qui fait la part belle à l’absence de compromis et brouille les pistes que l’on croit remonter dans l’histoire de la peinture.
De même avec leurs sculptures, les frères Quistrebert s’évertuent dans leurs recherches à ne se contenter de rien. S’ils participent de cette nouvelle génération de sculpteurs français ils n’en restent pas pour autant dans le rang. Présentées pour la première fois lors de l’exposition «Abstract Lady Guardian» à Rennes, leurs sculptures en bronze déroutent autant qu’elles fascinent. Après tant d’avancées en sculpture, après Brancusi, Duchamp ou Beuys, après la doxa minimaliste, on s’en remet soudainement à Barye et à Rodin. De cette facture quasiment dix-neuvièmiste ils empruntent la virtuosité, pour cisailler le bronze à souhait, lui insuffler l’ultime respiration de la victime ou le cri rauque du mort-vivant, le marquer de scarifications habiles. Sans renier ses influences, leur sculpture fait montre d’une irrévérence qui n’est due qu’à sa capacité à dépasser les bornes.
Quant à la profusion de références populaires et artistiques dont ils peuvent user, le critique d’art Alexis Vaillant note que «les zones de sensibilités inquiètes et hybrides auxquelles les Quistrebert nous confrontent, sont susceptibles de nous révéler l’ampleur de l’amalgame culturel contemporain des influences, cette masse informe qui nous façonne chaque jour un peu plus». Dans leur dernière série de dessins réalisés sur des petits formats papier, les deux frères montrent, toujours au travers de cette praxis collaborative, qu’à l’aide de simples stylo-feutres on peut retranscrire la dureté du burin et la violence des gravures les plus sombres de l’histoire de l’art.