Des piles de classeurs en consultation, des dizaines de DVD, des collections de timbres et de petits drapeaux américains, des chants, des disques conçus pour accompagner un régime minceur, des pages de journaux arrachées, des audio-guides pour apprendre l’esperanto, tout un cortège hétéroclite de documents s’amoncellent sur des tables.
L’exposition collective présentée à la Fondation Kadist est un projet orienté vers la recherche: rien ne s’offre au regard sous sa forme achevée. Morceaux d’idées et monceaux de documents fourmillent en tous sens, bribes de projets sans suite et brouillons d’œuvres à venir.
Après Some Time Waiting, la Fondation Kadist prolonge les travaux collectifs et les effets d’attente, en remontant d’un cran dans le processus de gestation. Il ne s’agit plus simplement d’une exposition en perpétuel devenir, à l’enseigne du néon installé par Pierre Bismuth, Coming Soon.
Plus radical encore, The Backroom ne présente pas d’œuvres, mais un vaste chantier d’artistes, où tout n’est que sources et soubassements.
L’exposition est un processus itinérant en élaboration permanente. Initiée en août 2005 à Los Angeles par trois commissaires, Magali Arriola, Kate Fowle, et Renaud Proch, elle a circulé depuis à San Francisco et Mexico.
Une quarantaine d’artistes ont été invités à déposer leurs archives, matériaux de travail, sources d’inspiration, et à organiser des séances de présentation et de projection. Cette exposition fait écho à celle organisée le mois dernier au Plateau, Société Anonyme, qui mettait elle aussi en scène le travail de recherche des artistes.
Au mur de la Fondation Kadist, des extraits d’une revue américaine éditée par Thomas Lawson, Real Life Magazine, un montage de quelques plans légendaires du cinéma, une projection de DVD, des rêves de Hassan Khan. L’absence de légende rend toute identification immédiate impossible, affichant délibérément le choix de ne pas présenter des œuvres.
Au centre de l’espace, deux grandes tables invitent le spectateur à s’asseoir pour prendre connaissance des documents en consultation, à feuilleter les classeurs, à visionner un DVD ou écouter un CD.
Tous ces éléments composites sont le ferment concret où s’alimente le travail des artistes : coupures de journaux, lettres, documents historiques, pochettes de films, tous ces objets familiers s’agencent pour donner prise à une vision du monde.
The Backroom
Thomas Lawson
— Real Life Magazine, 2007. Montage de plans de cinéma.