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Text to Speech

Communiqué de presse
Gilles Jobin
Text to speech

20h30. Création pour 6 danseurs, 2008.

— Chorégraphie : Gilles Jobin
— Musique: Cristian Vogel
— Lumières: Daniel Demont

Comment les corps, le mouvement réagissent-ils aux mots, en particulier lorsque ceux-ci proviennent d’une machine? Et quel nouveau sens naît de cette confrontation?
C’est tout l’enjeu de Text to Speech, dont le titre reprend le nom d’un logiciel qui convertit l’écrit en paroles. Mêlant adroitement technologie et modes de jeu, le dispositif sonore fait ici partie intégrante de la composition chorégraphique.

Sur le plateau, interprètes et chorégraphe explorent les possibilités offertes par ce logiciel, avec ses voix synthétiques et ses langues multiples, mortes ou vivantes. Comme dans la musique électronique, ils créent, traitent, mélangent les sons et surtout manipulent, transforment en direct des textes historiques ou d’information qu’ils vont chercher sur internet. Voix artificielles, bribes de discours, mais aussi images projetées sur des écrans numériques sont alors détournées, remixées de manière ludique, entre humour et malaise. La nouvelle pièce du chorégraphe suisse s’attache à une curieuse actualité sur le mode de «Ça s’est passé près de chez nous». Immergée dans cet univers, la danse contribue à créer un environnement trouble qui progressivement décolle du réel. Ainsi, Gilles Jobin fait interagir les corps, la culture techno et le contexte médiatique.

Dans Text to Speech, le recours au texte n’a rien de théâtral. Si le chorégraphe genevois s’intéresse au discours, s’il a choisi de le confronter aux corps, c’est en gardant ce rapport au mystère et à l’abstraction qui le caractérise, de même qu’il revient à l’une de ses préoccupations: la violence. Cette nouvelle création n’entre pas dans la narration. Elle n’abrite aucun scénario, aucun récit. Pour traquer le sens, elle ouvre une nouvelle piste dans le «grand théâtre de l’information».

L’une des questions posées par la présence du texte est précisément celle du statut de la danse. Au sein de ce projet particulier, le corps et l’image sont en interconnexion avec le discours et sa manipulation. Interprètes et spectateurs font ensemble l’expérience de l’écoute, avec ses jeux et son imaginaire. De multiples interprétations personnelles ou collectives, fantaisistes ou symboliques naissent des situations les plus ordinaires.

Avec ses quelques chaises, tables et ordinateurs, la scène tient du studio de répétition ou du champ de manœuvres. Les lumières modifient, découpent, interrogent cet espace que la présence des danseurs investit d’une dimension presque mythologique. Les climats sont parfois un peu vides, languides, comme à l’abandon tandis qu’au contraire, les corps semblent totalement absorbés, concentrés.
L’usage des nouvelles technologies relève de l’invisible, du mental. Dans cet univers, la danse prend des accents magiques, inquiétants, sensuels, d’une surprenante douceur. «Quand le propos n’est plus directement pris en charge par les corps mais distribué par la parole, la danse devient plus légère» remarque Gilles Jobin.

La porosité des frontières intéresse Gilles Jobin comme en témoignent ses compagnonnages musicaux, dans ses premières pièces avec Franz Treichler, et aujourd’hui avec Cristian Vogel. Ce dernier était déjà à l’origine de la machine musicale activée par les danseurs de Steack House. Dans Text to Speech, chorégraphe et compositeur jouent d’un matériau discursif en extension et réactivité, pour orchestrer un voyage sonore autant que visuel. Leur pratique pirate des nouvelles technologies travaille sur les effets de sens possible à partir du rapprochement des corps, des images et des textes. Ainsi, entre fiction et réel, s’invente une autre forme de communication, plus énigmatique qui permet à Gilles Jobin d’interroger la relation de la danse au monde d’aujourd’hui.

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