L’exposition « Testa di Legno » à la galerie kamel mennour, à Paris, dévoile une nouvelle installation de Camille Henrot qui met en scène les mécanismes de contrôle social, de surveillance et de normes liberticides.
« Testa di Legno » : des têtes de bois symbolisant les mécanismes de contrôle social
Le titre de l’exposition, « Testa di Legno » reprend une expression italienne désignant une personne intellectuellement faible, un nigaud incapable de penser par lui-même qui devient facilement le pantin d’autres personnes. Par extension, cette expression désigne également les doubles que les chefs du crime organisé emploient pour purger des peines de prison à leur place.
A travers ce titre et la réalité à laquelle il renvoie, symbolique de la façon dont l’inégalité financière et de pouvoir donne lieu à une inégalité face à la liberté, s’exprime le fil rouge de l’installation de Camille Henrot. Celle-ci se penche sur le rapport entre les libertés individuelles et les structures qui fixent la place de chacun dans la société ou au sein de la famille.
L’installation de Camille Henrot fait du visiteur un élément du dispositif carcéral
L’installation de Camille Henrot se construit sur la traduction littérale de « testa di legno » qui signifie « tête de bois ». Sept sculptures en bois posées sur une surface quadrillée évoquent des pions sur un échiquier en même temps que, par leurs hauteurs différentes, les membres d’une famille. Si les gestes de certains personnages, l’un portant un ballon et un autre soulevant des haltères, suggèrent qu’ils se trouvent sur un terrain de sport, ils sont emprisonnés par la clôture basse qui délimite l’espace et parfois même attachés à elle.
La configuration de l’installation place les personnages dans la situation de détenus soumis en permanence à la surveillance : le parcours amène les visiteurs à faire le tour de l’espace où ils sont enfermés et ainsi à les observer sous tous les angles, tout en maintenant une distance de sécurité. Ainsi le visiteur devient un élément du dispositif carcéral, au même titre que l’enclos et les chaînes.