Yann Gerstberger
Terremoto Globo Grnnnd
«Cut-up», mix permanent, Yann Gerstberger est un artiste post internet qui connaît l’art et son actualité sur le bout des doigts sans pour autant vouloir appliquer dans sa pratique les recettes les plus sûres. Dans ses Å“uvres, toutes les références sont mises au même niveau sans hiérarchie.
L’exposition «Terremoto Globo Grnnd» présentée au Confort Moderne s’articule autour d’un long temps de présence de l’artiste. Elle devient en quelque sorte le prolongement de l’atelier de l’artiste avec la résidence comme mode opératoire. Dans la continuité de son de exposition à 40mcube en 2011, l’artiste a imaginé une exposition assez folk, voire quasi art brut avec des sculptures ethniques étranges, qui mélangent moulages de jeans et vrais jeans dans des gammes chromatiques équivalentes aux dix ou douze tapisseries déjà réalisées.
Ses sculptures — colorées, ornées, composites — rassemblent des objets hétéroclites ayant eu une vie antérieure comme des objets usuels occidentaux, des objets d’art dit primitif fabriqués en série et des matériaux aussi divers que tissus, bâches, bois récupéré, etc. Jouant sur les surfaces et les volumes, ces éléments ainsi assemblés assument leur aspect décoratif et artisanal. Ses sources et ses références sont variées mais soigneusement choisies, des primitivismes africain, précolombien, océanien aux cultures populaires, urbaines, «street», en passant par la «surf culture», que l’on retrouve également dans la sculpture californienne. Les questions du post-colonialisme mais aussi des «low cultures» sont évoquées sans parti pris, par le prisme d’un exotisme tout à fait personnel.
L’artiste projette également de présenter une passerelle de «type anti spectaculaire/spectaculaire», minimale et grillagée, une sorte de tunnel qui amènera le visiteur de l’entrée du centre d’art jusque dans les salles du fond. Elle sera réalisée en matériaux pauvres et peinte en blanc ou bleu ciel, décorée de guirlandes mexicaines par endroit, le tout accompagné de néons tous les 5 mètres. Pour la salle noire, il a pensé a un petit ensemble de sculptures lumineuses, très dépouillées et «dark» qui mélangeraient éléments pauvres, noix de coco, ampoules flammes, torchis noirs. Il souhaite ainsi créer une ambiance de recueillement, proche de celle qui règne dans une séance de spiritisme.
La méthode de travail de Yann Gerstberger passe par la recherche d’objets, de matériaux, d’images, par l’essai direct de compositions et de recouvrements de ces éléments, sans utiliser les moindres dessins, notes d’intention ou simulations préalables. Proche de l’expérimentation et de l’expérience, elle converge chez lui dans le sens d’une sculpture rituelle. Chacune de ses œuvres, dont il ne donne aucun détail sur la provenance de ses composantes, est une découverte et une curiosité en soi.