Ten Thousand Things that Breathe
«Je dessine des objets au stylo-bille depuis une quinzaine d’années. Je commence chaque pièce comme un simple dessin. Au fil des semaines, j’empile les couches d’encre sur la forme qui est sur le papier jusqu’à ce qu’elle acquière une présence propre. J’insuffle à chaque dessin une concentration intense d’énergie qui transcende l’idée de l’objet physique.
En 2002, j’ai ajouté un degré supplémentaire à ce travail, le plaçant dans des sous-ensembles aux contextes spécifiques qui révèlent les différentes facettes de «Ten Thousand Things that Breathe».
Renato Orara
Au premier regard, les œuvres de Renato Orara apparaissent comme de petits dessins à l’encre noire rassemblés sous le simple titre «Ten Thousand Things that Breathe». Ensuite, une observation plus attentive de chaque dessin révèle une remarquable et inhabituelle concentration d’énergie mentale et créative. Ils semblent chargés d’une vitalité et d’une force que les anciens philosophes asiatiques pensaient trouver dans la matérialité d’un tronc d’arbre, d’une pierre, d’une figure calligraphique ou d’une peinture à l’encre.
Les dessins, bien que réalistes et basés sur une fine observation des objets, échappent à toute catégorisation. D’une part, alors qu’ils sont très détaillés, ils vont au-delà du réalisme photographique principalement basé sur la virtuosité technique qui révèle des surfaces matérielles leur qualité formelle proche de l’abstraction. D’autre part, il ne s’agit non plus d’hyperréalisme qui les limiterait à une démarche de documentation pure. Car on est ici au-delà de la fascination ou de l’obsession de la forme matérielle.
Pour l’artiste, dessiner est un véhicule personnel de méditation. Sa quête de la forme visuelle devient une recherche de la vie intérieure des choses et — l’artiste assumant son unité avec la nature — cela se transforme en un processus d’introspection.
L’instrument utilisé, un stylo-bille, est modeste. Il revêt une particularité transcendante entre les doigts de l’artiste. Renato Orara décrit son usage : «Le stylo est un médium unique, un fin tube cylindrique rempli d’encre grasse et terminé par une bille minuscule. L’encre est diffusée par le mouvement de la bille contre une surface. Examinez le papier de près et vous pourrez voir son maillage de fibres. Former des ombres revient alors à tacher ces fibres par les fines couches de graisse déposées par la bille. Il existe de nombreuses façons d’accomplir cela et lorsque vous les combinez, doucement le dessin acquiert l’intensité de la couleur.»
Pour Renato Orara, le dessin est à la fois une pratique artistique et spirituelle, qui lui permet de découvrir l’univers ainsi que lui-même et de révéler aux autres l’intensité profonde de ces «Dix mille choses qui respirent».
L’Artiste
Renato Orara est né en 1961. Il vit et travaille à New-York.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Stéphane Lecomte sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.