L’exposition « Telle la lune prise dans la gueule » présente à la galerie Confluence, à Nantes, les dessins de Frédéric Malette. L’événement est l’un des deux volets de la double exposition intitulée « Page blanche & chambre noire » et qu’organisent en commun la galerie RDV et la galerie Confluence. Le titre de cette exposition en deux parties annonce une sélection d’œuvres noir et blanc et un dialogue entre dessin et photographie. Ainsi, tandis que la galerie Confluence, spécialisée dans la photographie contemporaine, invite Sara Imloul à présenter son travail photographique dans la galerie RDV, cette dernière propose au dessinateur Frédéric Malette d’exposer ses œuvres dans les murs de la galerie Confluence.
Des dessins en noir et blanc qui reposent sur la dualité
Les dessins de Frédéric Malette, uniquement réalisés au crayon noir, trouvent dans le noir et blanc un moyen d’étudier le rapport entre ombre et lumière, leur opposition non dénuée de complémentarité. C’est en effet la notion de dualité qui est au cœur de son travail qui explore l’humanité et ses tourments.
Des caractéristiques récurrentes traversent l’ensemble des dessins de Frédéric Malette. Le trait est partagé entre tracé appuyé et touches estompées, entre des contours nets et des formes imprécises, les images se superposent et se troublent mutuellement. Les représentations humaines, telles que celle d’un jeune garçon dans Nous les héros, présentent des torsions, des corps malmenés, comme tourmentés de l’intérieur. Le portrait intitulé BAAL dévoile un visage où des coups de graphite exagérément accentués côtoient des détails quasiment effacés. Des traits ajoutés autour de la bouche accentuent la distorsion de l’expression.
Une esthétique sombre nourrie des contradictions humaines
A travers ces techniques graphiques fondées sur la dualité et un choix esthétique où la forte présence des symboles et des formes s’accompagne d’un refus du réalisme, les œuvres de Frédéric Malette renvoient l’image d’une nature humaine complexe, tiraillée entre sa grandeur et ses failles. Une dualité que renforcent les seules nuances de blanc et de noir que permet le crayon graphite.
Par une touche foncièrement sombre, le dessin de Frédéric Malette exprime la crise que connaît l’humanité, la dichotomie entre sa fragilité et sa puissance, sa créativité et son instinct destructeur. Toutes ses contradictions se lisent dans un style qui est nourri par la violence des questions soulevées : la défaite de la civilisation dans l’histoire contemporaine, la déshumanisation latente, la destruction des territoires…