ART | EXPO

Tectonique et numéro froid

04 Juil - 19 Juil 2015
Vernissage le 03 Juil 2015

Les œuvres de Jérémy Laffon sont basées sur des protocoles et des processus qui se développent selon des temporalités étirées ou fulgurantes, ou sur la répétition obstinée des actes et des procédures. Oscillant entre l’élaboration patiente et la destruction programmée, sa pratique est faite d’allers retours expérimentaux entre divers médiums.

Jérémy Laffon
Tectonique et numéro froid

«Fondée sur des protocoles et des processus se développant selon des temporalités étirées ou fulgurantes, sur la répétition obstinée des actes et des procédures, la dimension performative du travail de Jérémy Laffon est manifeste. À l’énergie semblant dépensée en vain dans certaines vidéos, en lesquelles l’épuisement s’exhibe comme tel, répond la reprise de gestes productifs. Loin de toute conception idéaliste de la création, l’œuvre est tantôt montrée comme le résultat d’un labeur, tantôt comme l’occupation d’un dilettante. La pratique de l’artiste est faite d’allers retours expérimentaux entre divers médiums, oscillant entre l’élaboration patiente et la destruction programmée. […]

Une telle «réussite» reposerait paradoxalement sur la prise en compte du caractère dérisoire de l’entreprise artistique, voire sur l’obsession de ce qui semble vain. L’artiste sape toute autorité créatrice et, simultanément, lutte contre cet abandon. L’idée d’entropie domine bien des travaux, avec son pendant, le ratage. Celui-ci est d’autant plus rendu sensible que le temps visiblement passé à élaborer la forme est long et la tâche ardue. Camille Videcoq évoque à juste titre le «travail patient de transformation du matériau qu’alimente une certaine énergie du défi». Lorsque le faire atteint un degré de précision et une patience tels qu’il s’apparente à celui de quelque modéliste, c’est la dimension laborieuse de l’activité artistique qui est mise en avant et, avec elle, le savoir-faire qui vient légitimer, dans les classes populaires et pour les néophytes, la qualité supposée de l’œuvre et sa valeur.

Ainsi Trésor de Mexico, (2011), relève de ce qu’on pourrait nommer un loisir actif, consistant à poser des tablettes de chewing-gums en équilibre les unes sur les autres. Chef-d’œuvre improbable des compagnons, Luna Park miniature, l’échafaudage s’élève à la manière des châteaux de cartes, selon un schéma modulaire précis, qui, répété, offre l’image même de la précarité.

Moins que des parodies d’architectures utopiques ou de monuments hollywoodiens, Trésor de Mexico est l’expression d’une mise en ordre inutile. Fondés sur des protocoles mathématiques, les plans permettent un développement structurel d’une grande complexité. Cette méthode souligne d’autant plus la dérision du projet que la construction se défait bientôt lamentablement. […] À l’instar d’autres réalisations, celle-ci pourrait constituer la métaphore de l’activité artistique comme Vanité. La productivité et l’improductivité sont montrées comme indissociables. Parfois, une réparation sans fin – remplacer au fur et à mesure les tablettes de chewing-gum brisées par des morceaux de balsa identiques de forme et de dimension – maintient la tension entre ces deux pôles (Relique, 2013).

On y décèle une forme de résistance à l’entropie par ailleurs mise en avant. Car l’opiniâtreté naît du désœuvrement — ou semble telle —, quand le laisser-aller et le laisser-faire semble conceptuellement programmé.» (Natacha Pugnet)

L’ensemble présenté au Plateau expérimental regroupe les œuvres présentes dans la collection du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis 2014 (acquisitions et donations), ainsi que des pièces provenant de l’atelier de l’artiste.

Vernissage

Vendredi 3 juillet 2015 à 18h

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