Laurence Aëgerter, Aymeric Vergnon-d’Alançon
Tectonique des plans
Abordant aussi bien la vidéo, la performance, l’édition que la photographie, Laurence Aëgerter s’approprie des systèmes qui classifient et régissent notre société: des encyclopédies, des annuaires, des journaux et même nos musées. Les photos présentées dans cette exposition font partie de l’ensemble Hermitage, the Modernists, qui fait suite à Le Louvre and The Apparatus.
«Des personnages plantés devant une œuvre d’art. Nous sommes dans un musée. Un visiteur nous obstrue la vue d’un tableau. Il nous gêne, nous empêche de voir, parasite l’objet observé, l’oblitère de sa silhouette. Ici, point d’agacement. Sa présence nous est agréable. Vu de dos, l’intrus se fond dans le tableau par des connivences formelles et colorées. Cachant une partie du tableau, l’anonyme visiteur réinterroge par sa simple présence les effigies des plus grands temples de l’art occidental. Dans cette confrontation, deux espaces-temps se télescopent: celui qui a vu naître le tableau et celui de sa réception, dans l’enceinte muséale. Comment les œuvres sont-elles soumises au public contemporain? Qu’est-ce qui a changé dans nos modes de lecture et d’appréhension des images? Quel supplément ou déviation de sens se produit-il? Le message fondamentalement ambigu des œuvres d’art, perméable à la pluralité de sens, est mis en scène par la participation active du regardeur. Par le parasitage d’objets ou de spectateurs, Laurence Aëgerter re-contextualise les œuvres au sein de l’espace muséal, y réinjecte de la vie».
Rébecca François
Utilisant la photo et la vidéo, Aymeric Vergnon-d’Alançon imagine des fictions liées aux quêtes d’explorateurs réels ou inventés. Pour cette exposition, il présente des photos et vidéos de l’ensemble Le dernier voyage d’Alexis Kozlomov, accompagnées d’œuvres de la série Remembrance of a stellar journey.
Le dernier voyage d’Alexis Kozlomov (2011) est une oeuvre protéiforme articulée autour d’une histoire: la disparition d’un jeune explorateur. Ce récit initiatique, qui est l’occasion d’explorer la dimension fictionnelle du paysage, prend la forme de grands panoramiques constellés ou encore de vidéos jouant sur la substitution du personnage et du photographe. A côté du projet, plusieurs oeuvres-satellites gravitent autour des mêmes questions.
Remembrance of a stellar journey: des images et des textes sont montés recto-verso dans un cadre articulé. Des photographies d’une plage, la nuit. Le flash éclaire des traces dans le sable, des végétaux, un rocher… Les textes sont des fragments, en anglais, du récit que le naturaliste Georg Steller écrivit lors du voyage de Bering en Sibérie. Ces notes relatent le voyage et l’approche, souvent différée, d’une terre encore inconnue.