Communiqué de presse
Antonio Saura
Tauromachie
Les Abattoirs présentent une suite de cinq expositions pour rendre hommage à Antonio Saura (1930-1998) : cinq angles d’attaque pour aborder tous les deux mois une phase méconnue de ses démarches inattendues. La première est intitulée «Tauromachie» et rassemble des photographies peintes.
La pratique de la superposition chez Antonio Saura répond à une lointaine nécessité de faire violence aux images objectives, aux fascinantes et fixes images imprimées. La superposition a été pratiquée à diverses reprises – les premières datent de 1957–, toujours à partir d’un matériau de base utilisé comme stimulant, d’un support provoquant une affirmation constructive – destructive de l’image préexistante. Ce travail objectif dépend essentiellement de l’image, même s’il peut être accompli au travers de l’accentuation de ses caractéristiques iconiques ou grâce à une certaine forme de violence ou en altérant ses signes – toujours à la recherche d’une résonance souterraine.
Dans tous les cas, le pouvoir de l’image objective devient évident tout comme sa persistance et cela malgré la métamorphose opérée. Pour finir, et comme conséquence directe de la méthode technique employée, surgit une objectivité nouvelle – une subjective
objectivité – dans laquelle la contradiction formelle et le combat des différents langages affirment, parallèlement à la nécessité d’un viol plastique, l’existence d’un prolongement mythique et obscur.
Dans cette tauromachie, réalisée à partir des splendides photos de Jean Bescos, l’iconoclastie se voit mêlée à une accentuation du sentiment tragique et au temps ludique de la course de taureaux. Une dualité aussi visible se reflète à travers la contradiction sémantique abordée plus avant, mais aussi, dans la conjonction du Mystère médiéval et de la farce, du drame et de l’humour. Beauté brutalisée, recherche d’une autre beauté dans la beauté matricielle déconsidérée. Si les photos n’avaient pas été bonnes, le résultat final aurait porté les traces de cette origine médiocre. Ici, la responsabilité n’en incombe qu’au peintre qui ne fait rien d’autre que d’apporter la preuve que la puissance des images employées a facilité la jouissance brutale et par conséquent l’apparition d’une vision subjective et hétérodoxe dans laquelle persiste, à côté de la fascination exercée par la survivance du mythe, la nécessité d’affirmer son prolongement dans la modernité.