L’évènement Japonismes 2018 poursuit sa route au Musée du quai Branly, avec l’exposition « Fendre l’air. Art du bambou au Japon ». S’il faut présenter Japonismes en quelques mots : l’évènement célèbre le cent-soixantième anniversaire des relations diplomatico-économiques nippo-françaises. Un peu partout dans Paris, les cultures japonaises sont mises à l’honneur. Danse, art, design… De 1850 à aujourd’hui… L’évènement permet ainsi de prendre la mesure des influences réciproques comme du degré d’interpénétrations culturelles. Se mettant lui aussi au diapason de Japonisme 2018, le Musée du quai Branly propose pour sa part une plongée dans une pratique artisanale et artistique : la vannerie de bambou. Réunissant plus de deux-cents pièces, l’exposition « Fendre l’air. Art du bambou au Japon » rend compte de la vitalité d’une technique alliant design d’objets ordinaires et excellence. Au fil d’un parcours en quatre temps, chronologiques, remontant jusqu’aux créations les plus actuelles.
« Fendre l’air. Art du bambou au Japon » : Japonismes au Musée du quai Branly
Objet métis, le panier en bambou résonne avec les cultures chinoises, dont il s’inspire. Herbe endémique, le bambou peut être issu de cultures locales. Tandis que le rotin (servant aux finitions) doit être importé de pays d’Asie du Sud-Est. Dans le sillage des arts du thé chinois, la vannerie connaît un regain d’attrait dans le Japon des VIIIe et IXe siècles. Se dessine alors une tendance : les paniers d’inspiration chinoise karamono. Qui font l’objet de la première partie de l’exposition « Fendre l’air. Art du bambou au Japon ». Avec le début de l’ère Meiji (1868), s’esquisse une reviviscence de l’attrait pour les cultures chinoises. Les paniers vannés, ornant de fleurs les cérémonies du thé, reviennent au goût du jour. Avec des formes inventées par des maîtres, opérant la bascule d’artisanat à art. Iizuka Rokansai et Hayakawa Shokosai font partie des figures-clés de ce courant, objet de la deuxième partie de l’exposition.
La vannerie du bambou : entre artisanat d’excellence, design et sculpture
Cette bascule entre artisanat et art, l’exposition « Fendre l’air » la transcrit en consacrant sa troisième partie à l’œuvre d’Iizuka Rokansai. La dernière partie s’attache quant à elle aux productions post-Seconde Guerre mondiale. Où les paniers s’émancipent de leurs fonctionnalités pour devenir sculptures. Comme autant de structures développant des maillages ingénieux et originaux (avec Morigami Jin, ou Tanabe Chikuunsai IV, par exemple). De panier à filet, l’art d’architecturer les pièces s’affirme. Un savoir-faire qui rejoint la dynamique d’attribution du statut de Trésor national vivant du Japon. Où la technique acquiert presque davantage de valeur que les objets ou les artistes en tant que tels. Nids d’oiseaux, voiles et toiles d’araignées… Le design contemporain du bambou accentue la dimension d’inventivité organique. Avec un retour marqué de l’artisanat d’excellence (aux côté de l’art). Un parcours dense, en somme, à retrouver dans « Fendre l’air. Art du bambou au Japon ».