Une nouvelle exposition monographique de Takashi Murakami est à découvrir à la galerie Perrotin, à Paris. Plus de quarante œuvres récentes de l’artiste japonais, pour la plupart encore jamais exposées, sont présentées dans les trois espaces de la galerie. Des tableaux et sculptures poursuivent l’exploration des thèmes de prédilection de Takashi Murakami, aujourd’hui considéré comme l’un des principaux représentants de l’art contemporain.
Réactualisation de l’art traditionnel japonais par Takashi Murakami
Un ensemble d’œuvres exploite la tradition des peintures d’arhats. Les arhats est le nom donné aux cinq cents disciples de Bouddha qui ont réussit à atteindre l’illumination par le dépassement de la cupidité, de la haine et des illusions. Ils ont fait l’objet d’un culte au Japon du 17e au 19e siècles, à travers des peintures et des sculptures. Takashi Murakami, fidèle à son habitude de relecture de l’art traditionnel japonais par le biais de techniques actuelles, s’approprie cet héritage pictural. Une série de cent peintures réalisées par Kanō Kazunobu après le tremblement de terre survenu à Edo Ansei en 1855 a particulièrement inspiré Takashi Murakami. L’œuvre The 500 Arhats a été peinte en écho à celle de Kanō Kazunobu, à la suite du séisme et du tsunami qui ont frappé le Japon en 2011. Ce tableau de cent mètres de long, présentée en 2012 dans le cadre de la rétrospective de Takashi Murakami au Qatar trouve un prolongement dans les œuvres exposées galerie Perrotin. Des extraits de cette peinture monumentale sont isolés et développés tandis qu’une sculpture représente l’artiste lui-même sous les traits d’un robot arhat.
Motifs de crânes et inspiration manga
La réactualisation de motifs traditionnels est également l’enjeu de la série de peintures intitulée Ensō. Ces œuvres récentes reprennent un des éléments majeurs de la peinture japonaise liée au bouddhisme zen : l’Ensō ou cercle. Ce motif représente le vide, l’unité et l’infini, tout en formant un support pour la méditation. L’Ensō réalisé par Takashi Murakami substitue la peinture à la bombe au traditionnel pinceau mais fait siens le minimalisme du geste et sa dimension spirituelle. Le cercle est tracé soit sur la toile brute ou peinte partiellement soit par dessus des motifs récurrents dans le travail de l’artiste : des crânes et fleurs mêlés.
On retrouve en effet à travers toutes les œuvres des réminiscences de personnages et motifs qui forment la signature de Takashi Murakami depuis vingt ans. Les crânes en particulier, figures de l’impermanence de la vie humaine, sont présents sous de multiples formes. La sculpture intitulée Dragon Heads – Gold est un assemblage de crânes de tailles variées réalisés en fibre de carbone et de verre recouvertes de feuille d’or. Parfois éléments à part entière de la composition, ils deviennent ailleurs une simple toile de fond, comme dans la série Monochrome. Les personnages hauts en couleur, monstrueux ou attachants, qui peuplent le monde de l’artiste se retrouvent dans ses nouvelles œuvres, toujours à la croisée des cultures manga et des mythologies anciennes.