Matrice

L’exposition « Matrice » à la galerie Jean Brolly, à Paris, dévoile le projet La France de Tadzio, un projet pour lequel le photographe français s’est éloigné de son sujet de prédilection, les espaces urbains et l’environnement froid, stérile, impersonnel et chaotique que représentent les mégapoles modernes, pour offrir un panorama de la France oubliée, peu photographiée.

« Matrice » : photographies de Tadzio à la galerie Jean Brolly

Alors que les outils numériques permettent aujourd’hui de se déplacer virtuellement à travers le monde, de passer presque instantanément d’une ville à l’autre et de visionner sur écran des lieux et des paysages éloignés, abolissant ainsi les notions de distance et de durée, Tadzio choisit avec son projet photographique La France une démarche inverse.

A rebours de la vitesse, de la simultanéité et de l’illusoire ubiquité qui marquent notre époque, le travail artistique de Tadzio se construit justement sur la mise en jeu du temps, du déplacement physique et du hasard. Chacune de ses œuvres et séries d’images sont réalisées selon des processus longs et complexes, des protocoles précis qui engagent la durée.

« Matrice » : Tadzio photographie la France

Ainsi, pour le projet La France, le photographe a quadrillé le territoire national selon une matrice orthogonale formant des unités de cents kilomètres carrés. Une photographie prise à chaque intersection de cette matrice avec un objectif 100 mm dirigé vers le nord au niveau de l’horizon fixe des images ordinaires de la France. Les cinquante-deux photographies ainsi réalisées forment une grande fresque de la France, une radiographie discontinue dont l’originalité tient dans ces lieux rarement photographiés.

La série La France de Tadzio renvoie à des questions fondamentales concernant la photographie : les images résultant de ce projet mêlant contraintes et hasard méritent-elles moins le statut de photographies que celles qui résulteraient du choix d’un photographe de paysage recherchant le meilleur point de vue ? Pour souligner le caractère apparemment peu photogénique des lieux captés et leur fréquente difficulté d’accès, les photographies sont sous-exposées, obligeant l’œil à faire un effort d’adaptation pour mieux les discerner.