— Auteurs : Laurence Bossé, Julia Garimorth, Rita Kersting, Jean-Luc Nancy, Michael Newman, Tacita Dean
— Éditeurs : Paris-Musée, Paris / Musée d’art moderne de la ville de Paris, Paris / Steidl, Göttingen
— Année : 2003
— Format : 19,50 x 27 cm (7 livrets sous emboîtage cartonné)
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : non paginé
— Langue : français (quelques textes en anglais et en allemand)
— ISBN : 2-87900-786-0 (France) / 3-88243-870-3 (Allemagne)
— Prix : 50 €
Préface
par Laurence Bossé
Depuis le début des années 1990, Tacita Dean ne cesse de voyager à travers le monde, en des lieux les plus divers, voire inaccessibles, à la recherche d’images et de sons qui formeront le matériau de ses œuvres. Celles-ci ont essentiellement trait à la perception, explorant la limite incertaine, entre réel, illusion et imaginaire.
Faisant régulièrement appel à la photographie, au dessin, à l’installation et à l’écriture, c’est cependant d’abord au cinéma 16 mm que l’artiste a recours. Fixe, selon un cadrage rigoureusement déterminé, la caméra capte les procédures du temps à travers le spectacle de phénomènes physiques naturels. Le rayon vert (The Green Ray), particulièrement difficile à voir, est saisi dans sa fugacité et restitué dans son caractère cyclique par la mise en boucle même du film. Par une prise de vue en temps réel qui bouscule la conception du temps cinématographique, Tacita Dean place le spectateur en situation d’attente, suscitant une conscience aiguë du temps.
Ailleurs, partant d’un événement, d’un récit de voyage, elle enregistre des lieux et des moments chargés d’histoire, à l’affût de coï;ncidences, entre des éléments d’information, croisant parfois son propre vécu (Boots). Le temps est alors celui de la durée, de la mémoire, avec son pouvoir caractéristique de transformation et d’effacement. Le regard, non dénué de nostalgie, se veut interrogation sur la réalité et les productions humaines, considérées sous l’angle du passé, du présent et du futur.
Pour chaque projet, Tacita Dean filme beaucoup, apportant une attention particulière au matériel de prises de vues, à la conception des plans et bien entendu au montage. La bande son, enregistrement des bruits et/ou des paroles sur le lieu même du tournage, joue sciemment du pouvoir évocateur du silence. Malgré une préparation minutieuse, I’artiste veut pouvoir à tout moment intégrer l’imprévu. Le paysage partout présent et, de manière récurrente, la mer, les îles et le ciel — espaces de disparition, de naufrages mais aussi de récupération — valent comme métaphore paradoxale, à la fois du changement incessant et de la permanence.
À côté du cinéma, médium de prédilection, Tacita Dean n’a cessé d’écrire des textes en étroite relation avec chacun de ses films : parfois rédigés avant le tournage sous la forme d’un projet très ouvert — pas tout à fait un story-board — mais le plus souvent après, comme un récit hybride, entre une relation de tournage et la narration du film, entre fiction et réalité. Chacun de ces textes fait partie intégrante de l’œuvre — à côté d’elle — sans être destiné à l’exposition. La publication ici réalisée sous forme de livrets réunis dans une boite, constitue une importante archive de l’ensemble du travail de l’artiste, à l’image de l’intérêt tout particulier et constant qu’elle porte à i’idée de la collection.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Paris-Musée)
L’artiste
Tacita Dean est née en 1956 à Canterbury, Angleterre. Elle vit et travaille à Berlin, Allemagne.