Jean Prouvé
Table Trapèze 1954/56
«Développer l’économie de matériaux et de moyens est à l’origine des formes des constructions de Prouvé. Son esthétique est celle d’une résistance, parfois même jusqu’à l’exagération. Les lignes de force, la tension, le point d’équilibre vont donc vers une esthétique dynamique. À l’opposé de tout académisme, conforté par le refus de «l’esthétisme» comme facteur de beauté, sa pratique constructive débouche sur une véritable esthétique industrielle, issue d’une constante dialectique entre la conception et la matière. Le meuble permet une simulation d’édifice. «La chaise est faite de quatre pieds et d’un toit, il suffit d’en changer les dimensions», d’où le parallèle entre un piétement «compas» et la béquille de la buvette d’Évian. Cette symétrie entre meuble et maison est unique, et induit une approche globale. En fait, dès que Prouvé commence à penser mobilier, il pense structure donc architecture, abolissant les frontières entre mobilier et bâtiment, ce qui lui permettra encore de penser les maisons mobiles, les modules démontables, inaugurant ainsi le nomadisme en architecture.»
Philippe Jousse