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Système solaire (Antigravity)

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Magicien de la force magnétique, sculpteur des forces invisibles, maître de « l’antigravité », Takis propose un programme aussi cosmique que poétique. Le trou noir est pris comme modèle, comme énergie, comme forme de vie, comme matrice originaire.

Après quelques travaux, la galerie Xippas fait peau neuve. Pas de grandes transformations en perspective, juste la création d’un bureau à l’étage et la condamnation de la salle du rez-de-chaussée. Le tout se solde par un espace d’exposition plus petit, dommage !

Mais si le terrain se réduit, il faut chercher un souffle en levant la tête. Takis, pour cette exposition, ne nous fait pas prendre la clef des champs, mais nous entraîne dans le sillage de la voie lactée. Le sculpteur des forces invisibles propose un programme aussi cosmique que poétique. Le trou noir est pris comme modèle, comme énergie, comme forme de vie, comme matrice originaire.

Depuis quarante ans, Takis ne cesse de composer, de sculpter, de développer des formes qui recèlent des forces, des énergies qui nous restent étrangères et invisibles. Faire œuvre dans cette perspective, c’est autant visualiser que transmettre. En jouant contre les règles de l’apesanteur, il tente de célébrer et de mettre en exergue cet instant du basculement, ce trait d’union entre ciel et terre. Il pratique une chute sans gravité. Par la lévitation des corps et des objets, obtenue par la force magnétique, la légèreté et l’épanchement sont attendus.

Le magnétisme fonctionne comme système, il rejette et attire à la fois. Expulsif et attractif, il est double et contradictoire. Plus et moins. Mais c’est moins dans les contraires qu’il faut le regarder que dans l’équilibre qu’il provoque et promet. Le magnétisme suspend autant la matière que le temps. Il est une force qui bouleverse l’ordre des choses, tout en refusant toute effraction.

La sculpture magnétique provoque un art du bouleversement qui a pour conséquence l’immobilisme. Art du contre-champ (gravitationnel), les forces en vigueur annulent plus qu’elles ne proposent. C’est le sentiment qui se dégage de Système solaire.

Malgré la proposition poétique et scientifique du projet, il y a un sentiment d’inadéquation entre les visés et les réalisations. L’ensemble, au lieu de flotter, semble lourd. À la place de l’aérien et du cosmos promis, il y a neuf astres qui se balancent à des potences magnétiques statiques.
Les neuf Sculptures magnétiques sont censées représenter les planètes de notre système solaire. Les boules noires, retenues par des fils et attirées par des aimants entretiennent un temps en suspension. Mais elles provoquent une mise à distance du spectateur. À l’inverse des réalisations précédentes, comme Sémaphores (1988), sculptures lumineuses et ludiques, installées sur l’esplanade de la Défense, ces boules noires hors de portée et hors d’atteinte se déploient dans un univers qui n’est pas le nôtre, qui ne nous est pas adressé.

Takis
Musical, 1974. Bois et acier. 200 x 92 cm.
Système solaire 1, 2002. Tableau magnétique : 100 x 80 cm, sphère : Ø 40 cm.
Système solaire 2, 2002. Tableau magnétique : 100 x 80 cm, sphère : Ø 50 cm.
Système solaire 3, 2002. Tableau magnétique : 100 x 80 cm, sphère : Ø 30 cm.
Système solaire 4, 2002. Tableau magnétique : 70 x 56 cm, sphère : Ø 30 cm.
Système solaire 5, 2002. Tableau magnétique : 70 x 56 cm, sphère : Ø 40 cm.
Système solaire 6, 2002. Tableau magnétique : 70 x 56 cm, sphère : Ø 30 cm.
Système solaire 7, 2002. Tableau magnétique : 100 x 80 cm, sphère : Ø 50 cm.
Système solaire 8, 2002. Tableau magnétique : 100 x 80 cm, sphère : Ø 50 cm.
Système solaire 9, 2002. Tableau magnétique : 100 x 80 cm, sphère : Ø 50 cm.
Signal lumineux blanc, 1966. Socle métal blanc rond, acier, fer et ampoule. h : 3,50 m.

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