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Syrie. Métal, savon, pierre

12 Fév - 01 Mai 2016
Vernissage le 12 Fév 2016

Contraint de quitter l’Iran en 1983, le photographe iranien Payram doit une nouvelle fois prendre la route de l’exil face au chaos syrien. Armé de sa chambre et de ses films Polaroïd 55, il offre l’image d’une Syrie poétique: des paysages et des portraits d’habitants de ce pays qui lui rappelle le sien.

Payram
Syrie. Métal, savon, pierre

A Damas, dans le vacarme sonore des travailleurs de fer, Payram s’évade. Il s’immerge dans un souvenir d’enfance, celui de son père qui l’accompagne au bazar de métal à Téhéran. Le même désordre bruyant, les mêmes cliquetis. Ce souvenir est le point d’ancrage du long travail photographique «Syrie / métal, savon, pierre».

A chacune de ses déambulations, une mémoire renaît, éveillée par les sens du photographe. A Alep, il redécouvre l’odeur enivrante de la savonnerie, celle des savons que sa mère achetait sur le marché de Maragheh. Les carrières de pierres syriennes, quant à elles, font écho aux conseils de sa grand-mère sur le chemin de l’école. Il devait détourner le regard au risque d’éclats.

Ce voyage en 2001 marque un tournant dans la vie du photographe: réfugié politique, chassé par l’avancée islamique d’Iran en 1983, Payram n’est alors jamais revenu sur sa terre natale. A 24 ans commence une vie d’exilé à Paris, et la photographie en devient son moyen de communication. 20 ans plus tard, la Syrie réanime en lui la fissure du souvenir, le poids de la mémoire. Et c’est par le prisme d’une approche sensible, et non historique, qu’il a voulu saisir spontanément les lieux, paysages, habitants d’un pays qui lui rappelait le sien.

Accompagné de son imposante chambre, et de tous les accessoires nécessaires, il se fond dans le quotidien. Il part à la recherche de la trace de l’Homme, de celle de son existence, d’un passé révolu qui l’a marqué. «Syrie / métal, savon, pierre» est une traduction de l’absence en image, de la sensibilité d’un homme en exil. La photographie argentique en devient une extension de son esprit.

En 2008, l’industrie du Polaroïd s’est arrêtée. Payram clôture sa série en usant des dernières plaquettes avec un troisième volet, la pierre. L’année 2011 marque le commencement de désastres sans nom pour le pays, date à laquelle Payram fixe les explosions des carrières minérales, à l’image d’un terrible présage. Le photographe nous offre ici le portrait d’une Syrie sans émeutes, sans massacres, une Syrie poétique.

«Je suis iranien. Né iranien. Je suis photographe. Tireur. Exilé. Je suis toujours exilé. J’ai été contraint en 1983, de quitter définitivement l’Iran. J’ai alors arrêté d’écrire pour me consacrer à la photographie. 20 ans plus tard, j’ai été abasourdi de retrouver en Syrie l’image que je me faisais de l’Iran de mes grands-parents. J’ai reçu ce paysage comme un cadeau d’une autre époque. C’était comme entrer dans un rêve d’enfant fiévreux. Comme un brouillard qui se dissipe. Comme un rêve qui prend chair sur les traces d’un paradis perdu. Le Polaroïd 55 et l’épreuve – instantanée, unique et fragile – qu’il laisse m’ont permis de travailler des journées entières aux côtés des artisans syriens sans parler leur langue. Aussi j’ai donné beaucoup de ces épreuves aux Syriens que je rencontrais. Les photographies présentées sont une sélection de celles qui me restent» raconte Payram.

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