ÉCHOS
31 Mai 2010

Synthèse des arts chez Julio Gonzales

PNicolas Villodre
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Dans le cadre de l’exposition «Poussées et Equilibres» d’Anne Barrès à la galerie Julio Gonzalez d’Arcueil, Maroussia Vossen, accompagnée de la violoncelliste Laurence Sévenier, a créé un solo improvisé en découvrant l’œuvre de la sculptrice et les algorithmes sonores de la musicienne.

Pas si évidente, cette utopique synthèse des arts. On sait bien que l’image n’a rien à voir avec le son. Pas plus que la musique avec la danse – la sculpture est une danse qui a déjà eu lieu et la chorégraphie cristallise le geste parfait.

Laurence Sévenier se lance, sous l’œil de la photographe Éliane Vavasseur et à distance de Maroussia, à l’aveugle, dans une suite de phrases inventées ou extraites d’opus pour viole – de Bach, par exemple. Ses plaintes sonnent comme des vocalises. La chambriste produit une structure continue qui conserve la tonalité classique. Les notes suivent et, parfois aussi, annoncent les mouvements de la danseuse.

Anne Barrès a disposé dans la galerie une partie de sa production: des œuvres anciennes, datant des années 80, des pastels des années 90 et des pièces volumineuses dont certaines, fraîches émoulues.

Son trompe-l’œil «féministe» valorisant les travaux d’aiguille est une obsession de smocks fortement grossis, disposés en un mural de conques vénusiennes rappelant les hamburgers gonflés aux hormones et autres objets en 3D de Claes Oldenburg, les miches de pain collées sur la façade du musée Dali de Figueras et les centaines de cymbales accumulées par Picabia pour le décor du ballet Relâche qui fut musiqué par le génie arcueillais Erik Satie.

Les magnifiques sculptures obtenues à partir d’un matériau vieux comme le monde, la brique, dans sa version creuse, alvéolée, en porcelaine rousse, font songer à Albiquiu, le village de Georgia O’Keeffe fait d’adobes séchés au soleil du Nouveau Mexique. Les motifs des parallélépipèdes issus d’une briqueterie française n’ont rien à envier aux rayures des arcades de la mosquée de Cordoue.

La galerie Julio Gonzalez s’est ouverte à la danse dès les années 80, comme le montrent les photographies de Daniel Frasnay qui immortalisent les performances de Michèle Tarento et Aline Lecler.

Maroussia s’adapte avec aisance et finesse à ce nouvel environnement et ne se comporte aucunement en conquérante d’un territoire qui ne serait pas le sien, en intruse, en vandale. Sa dialectique avec le travail de la plasticienne casse des briques. Loin de les dégrader, Maroussia met en scène les sculptures, leur donne d’autres sens et fait corps avec elles.

La silhouette gracile, amincie par le port d’un pull et d’un pantalon noirs comme ceux d’Audrey Hepburn dans Funny Face (1957), elle enchaîne ses pas et ses passes, défile sans défier l’autre, qui assiste avec intérêt à ce show. Maroussia se fond dans le paysage, souligne tel ou tel trait de baroquisme, appuie sur les courbures, s’incruste dans une œuvre qu’elle finit par traverser de part en part.

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