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Sylvie Fleury

Mise en scène de la société de consommation, fétichisme de l’objet et des stéréotypes qu’il instaure (la voiture en est le symbole exemplaire)… Ce que montre Sylvie Fleury témoigne d’une certaine vanité de l’homme autant qu’elle stigmatise sa vacuité : au plaisir de la possession succède très vite la lassitude…

— Auteurs : Yves Aupetitallot, Christian Bernard, Markus Brüderlin, Liam Gillick, Michelle Nicol, Éric Troncy.
— Éditeurs : Les Presses du réel; Janvier, Dijon / Réunion des musées nationaux, Lyon
— Collection : Art contemporain
— Année : 2001
— Format : 26,50 x 20,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs
— Pages : 183
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-7118-4313-0
— Prix : 35 €

Avant-propos
par Yves Aupetitallot et Christian Bernard

Le présent livre rassemble une très abondante illustration du corpus de l’œuvre de Sylvie Fleury présenté de manière éparse et quasi exhaustive.

Il l’assied sur le socle d’un ensemble de textes choisis dont la conjugaison des axes interprétatifs et analytiques semble lever les atermoiements que décèle la lecture d’une bonne part de la fortune critique de l’artiste à l’origine de son apparition sur la scène de l’art.

En ce début des années 1990, la supposée ambiguï;té du travail a « piégé » une critique encore très empreinte des postures appropriationnistes de la décennie précédente. La grille d’analyse fondée sur l’appropriation, le détournement post-duchampiens de signes, de champs et d’objets à l’intérieur d’un contexte artistique déterminé où ils prétendent en reformuler les problématiques particulières issues du statut de l’objet d’art, de son display dans l’espace physique de sa présentation et de ses modes de contamination du discours institutionnel s’est révélée peu adaptée à la lecture des « shoppings bags », dont l’usage et l’inscription sont trop littéraux pour s’offrir, sans résistances, à un tel exercice.

La critique s’est également évertuée à problématiser les possibles relations de Sylvie Fleury artiste femme, à une quelconque attitude post ou néo-féministe; un mouvement de balancier la désignant tantôt comme l’une de ses notoires représentantes, tantôt comme son expression la plus en creux, nourrie d’une fascination non retenue pour l’univers du consumérisme et de l’hédonisme féminins.

Si depuis le travail de Sylvie Fleury > s’est développé et amplifié à partir de ses fondamentaux initiaux, son adresse et sa réception artistiques ont, elles, changé et ses exégètes les plus contemporains, parmi lesquels Markus Brüderlin, Éric Troncy, publiés ci-après, ou Lionel Bovier, notamment dans le texte qu’il lui consacre dans son livre sur la scène artistique en Suisse, ont imposé avec pertinence une lecture du travail qualifié de « post-appropriationniste ». Les modes opératoires du recours de Sylvie Fleury à des champs hétérogènes à celui de l’art, mode, girls groups, customs, etc., induiraient des « sauts contextuels » attachés avant tout « aux techniques culturelles et aux modes de vie » de leurs destinations ou « pervertirai(en)t le paradigme énonciatif (des années 1980) par des stéréotypes culturels (et) un imaginaire ». La logique et les procédés du « customising », soulignés par les auteurs, en constitueraient à la fois les outils et la singularité.

Ce livre devrait largement et de manière privilégiée contribuer à la connaissance du travail de Sylvie Fleury. Il devrait également souligner avec force et conviction son importance dans le champ de l’art contemporain.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Les Presses du réel)

Les auteurs
Yves Aupetitallot est directeur du Magasin — Centre national d’art contemporain à Grenoble.
Christian Bernard est directeur du musée d’Art moderne et contemporain (Mamco) à Genève.

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