Sylvie Fanchon
La peinture de Sylvie Fanchon fait l’économie des moyens et des couleurs. Elle applique certaines contraintes qui consistent à dépouiller son travail au maximum afin d’enlever tout ce qui peut être superflu et ne garder que l’essentiel: un fond, une forme, deux couleurs.
L’accent est mis sur le dessin et la forme, une simplicité qui traduit le refus de l’encombrement de la toile et d’une profondeur d’optique illusoire. Elle travaille d’ailleurs au sol, considérant le tableau comme une surface plane où elle synthétise et met à plat les objets du monde. Sa réflexion porte sur la manière d’occuper la toile, d’installer les figures dans l’espace à la recherche d’un certain équilibre. La bichromie qu’elle utilise est en réalité une forme de condensation, une addition soustractive, car la toile contient au final toute les couleurs primaires mélangées, et n’en présente finalement que deux, il ne reste ainsi que l’essentiel.
On dit de ses œuvres qu’elles sont abstraites. Elles le sont, non pas parce qu’elles ne représentent rien de connu, mais paradoxalement parce qu’elles évoquent trop de choses. Sylvie Fanchon puise dans les formes récurrentes de notre quotidien, de la culture populaire, des images trouvées dans des magazines, des bandes dessinées, des cartes géographiques, et se les réapproprie dans ses œuvres. L’abstraction est issue de la décontextualisation. Réintroduites dans le tableau, ces formes sont simplifiées, synthétisées de telle sorte qu’elles deviennent difficilement indentifiables, même si elles nous sont familières. On ne peut les nommer car elles ressemblent à trop de choses connues. En outre, la majorité des tableaux sont sans titre, et cette absence de nom témoigne de cette confusion identitaire. De ce fait, de multiples interprétations sont envisageables, étant donné que la perception de chacun est orientée par sa propre culture et sa propre sensibilité.
Sylvie Fanchon laisse à chacun la liberté de voir ce qu’il veut y voir. L’exposition retracera la production de cette artiste à travers une cinquantaine d’œuvres représentatives de sa démarche, accompagnées de deux muraux monumentaux.