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Sylvia Bächli

Une multitude de dessins, répondant à un impérieux besoin quotidien de faire acte de création, entre deux promenades. Des formes, floues ou précises, dans des teintes grises, esquissées, fragmentées sur des feuilles blanches, mais toujours choisies précisément parmi la multitude produite. Une œuvre entre espace intime et circulation extérieure.

— Éditeurs : Domaine de Kerguéhennec, Bignan / Frac Haute-Normandie, Sotteville-lès-Rouen / Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, Strasbourg
— Année : 2002
— Format : 20,50 x 26 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 96
— Langue : français
— ISBN : 2-87900-728-3
— Prix : 15 €

Sur le fil (figures libres III)
par Marc Donnadieu (extrait, p. 5)

Le travail de Silvia Bächli s’élabore sur trois temps, trois instants, trois mesures, comme à un réel bonheur qu’elle s’est elle-même assigné. Ainsi, presque chaque jour, face aux mêmes tables de travail, elle dessine, simplement. La fin de l’aprèsmidi est néanmoins consacrée à la promenade dans les cités de Bâle ou Paris (elle enseigne également à Karisruhe), villes où elle vit et travaille selon la formule aujourd’hui consacrée; une manière de se laisser émerveiller par une réalité toujours différente et toujours un peu plus stimulante. Quelquefois, après dîner, elle poursuit cet exercice du dessin d’une façon aussi méthodique et systématique dans son rituel, que vive et instinctive dans son geste. Pour cela, elle n’utilise que très peu d’outils : de la craie grasse ou du pastel à l’huile en bâton, de la gouache ou de l’encre liquide et noire, et des feuilles de papier blanc ou légèrement teinté, de tailles différentes mais restant de format moyen.

Les sujets en sont divers, volontairement sobres et concis, tantôt figuratifs (vues urbaines, immeubles, paysages, branches d’arbre, fleurs, objets, étagères, visages, fragments de corps, yeux, vêtements, etc.), tantôt abstraits (traits, courbes, arabesques, entrelacs, ellipses, volutes, lignes, réseaux, etc.), mais tous se situent dans une immédiate proximité avec ce qu’elle vit et ressent : fragments épars à peine rassemblés, annotations simples et ténues qui visent à refléter — ou mieux réfléchir — I’espace de ses jours, comme s’il s’agissait de « s’approprie un peu du monde extérieur afin de se sentir mieux dans sa peau » (Patricia Nusabaum). Soit, un « naturalisme étrange » dont la paternité reviendrait plus à Henri Matisse ou à Ellsworth Kelly qu’aux romantiques allemands. Il faudrait également en appeler à l’impétueuse et tenace vivacité de Paul Klee, à sa façon toute particulière d’ouvrir la composition « sur des paysages étirés ou éclatés à travers lesquels de temps en temps, passent d’étranges ou amusantes silhouettes », de la laisser s’envahir de « signes furtifs, tantôt simples traces, tantôt ébauches de dessins » (Hervé Gauville).

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Domaine de Kerguehennec)

L’artiste
Sylvia Bächli est née en 1956 à Baden Suisse. Elle vit et travaille à Bâle, Karlsruhe et Paris.

Les auteurs
Marc Donnadieu est directeur du Frac Haute-Normandie ;
Frédéric Paul est directeur du Domaine de Kerguéhennec ;
Fabrice Hergott est directeur des musées de Strasbourg.

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