DANSE | SPECTACLE

L’Écho d’un infini

15 Fév - 16 Fév 2019

Avec L'Écho d'un infini, le chorégraphe Sylvère Lamotte livre une pièce autour du toucher. Pour une danse contact où chacun des six danseurs, d'âges différents, porte également la trace des contacts antérieurs. Une pièce intimiste, à découvrir en première à l'Atelier de Paris / CDCN.

Pièce pour six interprètes, L’Écho d’un infini (2019) plonge dans la délicatesse du contact physique. Créée par le chorégraphe Sylvère Lamotte (Cie Lamento), la pièce déplie les épidermes qui composent les corps, entre mémoire et durée. Et tandis que la création précédente, Les Sauvages (2017), mobilisait cinq jeunes hommes, L’Écho d’un infini se construit autour de la diversité. Hommes, femmes, personnes d’âges différents… Les interprètes de la pièce résonnent ainsi de ce qu’ils sont, de leurs parcours, comme autant de peaux entre eux et le monde. Et à la façon de ces morceaux de verre qui propagent la lumière en nappes de caustiques lumineuses, chaque danseur agit comme un prisme. Propageant le toucher, le contact à l’autre, dans l’espace scénique. Pièce intimiste, L’Écho d’un infini explore la danse contact par le biais de l’attention aiguë. À l’aune d’un dispositif scénique minimaliste, où la focale se fait sur les gestes.

L’Écho d’un infini de Sylvère Lamotte : pièce intimiste et puissance du contact

Structurée en trois duos, L’Écho d’un infini laisse la place aux harmoniques. Tour à tour doux ou frontaux, les gestes entre les personnes peuvent continuer de résonner longtemps après avoir été accomplis. Comme les cercles concentriques sur la surface d’un lac. Dans le flot du quotidien, les gestes s’entassent sur les corps, indistincts. Les gens se touchent, se heurtent, se frôlent, parfois volontairement, parfois non. Certains gestes sont effacés en temps réel, comme les contacts au creux d’une foule. Mais d’autres gestes se détachent, pour s’ancrer dans la mémoire. Qui n’a jamais rejoué en boucle un contact précis ? Un frôlement, une bise, une main posée… Quels que soient le contexte et le lien à la personne touchante-touchée, il arrive que des gestes s’éternisent, se mettent à résonner dans la mémoire tactile. Avec L’Écho d’un infini, Sylvère Lamotte ouvre un espace pour cette mémoire et ce phénomène de résonance.

De la rencontre en acte à la mémoire tactile : le jeu des résonances infinies

Pièce frissonnante, L’Écho d’un infini ausculte les potentialités. Lors d’une rencontre entre deux personnes, tout est d’abord possible. Au creux de l’indétermination se sculpte une succession de mouvements, qui donnent forme aux liens. Et chacun porte et emporte avec lui le souvenir de ces contacts. Dans Les Métamorphoses d’Ovide, Écho était la nymphe amoureuse de Narcisse. Condamnée à ne pouvoir répéter que la fin des phrases, Écho était incapable de déclarer son amour. À la faveur de multiples malentendus, Narcisse et Écho finirent néanmoins par se rejoindre. Mais lorsqu’Écho chercha à enlacer Narcisse, il la repoussa avec horreur « Enlève tes mains qui me serrent ! Je mourrai avant que tu ne disposes de moi ! » Ce à quoi Écho ne pu que répondre, effondrée, « Dispose de moi ! ». Zone sensible, avec L’Écho d’un infini Sylvère Lamotte plongera délicatement dans la complexité du toucher.

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