Christian Courrèges
Swenkas
Les Swenkas (ou Swenkers) sont des travailleurs Zoulou qui participent à des compétions d’un genre particulier. Swenk, vient du mot anglais Swank, verbe et substentif qui signifie: élégance ostentatoire, en mettre plein la vue, crâner.
Les Swenkas s’affrontent en fin de semaine, dans des concours d’élégance où ils défilent tour à tour dans une chorégraphie silencieuse et toute personnelle.
Chacun affiche son style, sa gestuelle particulière et son sens de la pose. Ils sont jugés sur leur tenue (costumes de grandes marques, avec parfois l’étiquette cousue sur la manche ou costumes taillés sur mesure), et sur l’attrait de leur présentation. Parades très chics ou défilés marqués par l’humour.
Les Swenkas attirent l’attention du public sur chaque détail de leur habit: ceinture, chaussures ou somptueuse doublure des vestes.
Le Swenking est apparu dans les années 60, créé par les travailleurs migrants, vivant dans des foyers à Johannesburg et dans les grandes villes Sud-Africaines, loin de leurs villages. Il est une réponse à la vie dure, aux conditions misérables et à la longue séparation des familles.
Regroupés en association, les Swenkas exigent un comportement exemplaire, bannissent la consommation d’alcool en public, mais surtout défendent le respect de soi, la dignité, la créativité, l’humour et la solidarité.
Lors des compétitions, chaque compétiteur débourse une petite somme d’argent dont la totalité ira au vainqueur. Cette somme peut être complétée par le droit d’entrée demandé au public.
Un costume sur mesure coûte environ 1 200€ et, la plupart du temps, un travailleur Zoulou gagne entre 300 et 400€ mensuels.
Christian Courrèges s’est spécialisé dans le portrait d’individus appartenant à des groupes constitués ou parfois plus informels. Il s’est intéressé aux toreros, il a photographié en gros plan des visages d’haïtiens ou des détenus et surveillants de la prison des Baumettes, des magistrats français et anglais ou les prélats de la curie romaine en habit.
Aujourd’hui il s’installe à la galerie baudoin lebon pour nous dévoiler cette dernière série sur les swenkas d’Afrique du Sud. Dans chaque ensemble, l’artiste isole le sujet de tout décor.
L’image est alors exclusivement cadrée sur l’individu qui est identifiable grâce à un attribut ou un costume lié à sa fonction ou sa condition.
Mais l’artiste donne à voir au-delà des apparences et des catégories sociales, il s’interroge sur la tension entre appartenance au groupe et affirmation de l’individualité, entre authenticité et ce qui est convenu d’appeler le «masque social».