Présentation
Susanne Strassmann
Susanne Strassmann
Pour Susanne Strassmann, le geste de peindre participe d’un rituel de partage: dans un univers fantasmé du réel, elle distribue les éléments de sa propre mythologie personnelle, à travers un imagier projetant dans l’imaginaire du regardeur les indices d’une fiction intime dont il peut disposer à sa guise. Ces indices sont représentés dans un sensible de basse intensité, où toute forme de subjectivité expressionniste semble évité, voire rejeté, formant une délicate vacance de l’exaltation — comme si la charge émotive était de la responsabilité non du peintre mais du regardeur.
Ce rituel de partage est pleinement assumé par l’artiste dans sa dimension performative, le geste de peindre s’offrant à ses modèles à travers des séances de peinture in situ où, dans le temps que s’élabore le tableau, le trouble de la rencontre imprègne l’œuvre d’une palpable affectivité.
En offrant à la rue, non seulement de voir l’œuvre, mais d’assister à sa production, Susanne Strassmann renoue avec la triviale générosité des peintres populaires du XIXe siècle.
Avec les textes de: Karima Celestin, Jean-Michel Espitallier, Antoine Hibon, Gregory Montreuil, Bernard Muntaner, Jean-Pierre Ostende, Susanne Strassmann
«Susanne Strassmann a choisi d’interroger le réel et, par voie de conséquence, ses corollaires: la figuration, la représentation, l’interprétation, la transcription, l’artifice…
Sa peinture tend à s’approcher le plus possible d’une traduction réaliste à travers un rendu quasi photographique, sans tomber dans un hyperréalisme froid. Pour illustrer la caractéristique de son travail, je rappellerai ce qu’un spectateur lui a dit en voyant ses tableaux: «Moi, j’aime les photographies faites à la main»…! Formule étonnante qui en dit long sur la confusion que le réel et sa représentation entretiennent depuis longtemps: illusion, faux-semblants, trompe-l’œil, ou trompe-l’esprit…
Dans l’imaginaire peint de l’artiste on retrouve de façon récurrente le thème du portrait avec son origine et ses sujets; les uns prennent leur source dans une iconographie partagée par le plus grand nombre, comme l’image des stars de cinéma ou des idoles de la chanson: John Travolta, Jim Morisson, Rod Stewart, Patti Smith, David Bowie…, les autres sont issus de photos d’anonymes prises sur internet, ou d’amis, d’enfants, de famille. En passant de l’image photographique à l’image peinte, la translation plastique confère aux personnes représentées un statut d’icône, comme cela se retrouve dans l’histoire de la peinture. Des portraits célèbres voisinent avec des inconnus, comme ceux que l’artiste croque sur le motif dans des bars.»
Bernard Muntaner
Sommaire
— Des accords / (Dis)agree, par Jean-Michel Espitallier
— Différence et similitude / Difference and similarity, par Bernard Muntaner
— De la mesure à l’excès / From moderation to excess, par Antoine Hibon
— Portes et fenêtres / Doors and windows, par Gregory Montreuil
— Arrêter le temps (entretien) / Stopping the time (conversation), par Jean-Pierre Ostende
— In situ, par Susanne Strassmann
— In situ Sieste / Nap, par Karima Celestin
— Œuvres / Artwork
— Liste des expositions / Exhibitions’ list
— Bibliographie / Bibliography