David Renaud
Surface de potentiel
Bien plus que de jouer de cette sempiternelle question de l’échelle et de ses effets de style, David Renaud préfère prendre en compte entièrement l’espace chez-robert. Plutôt que de montrer un petit dans un grand (ou l’inverse), il a pris le parti d’une infinie continuité.
On se souvient des visions du Docteur David Bowman lors de son odyssée orchestrée par Stanley Kubrick ou des différents «espaces-temps» expliqués dans la belle vidéo de Brian Greene. David Renaud n’a pas travaillé que la dimension de l’échelle, mais a ajouté celle du temps dans cette œuvre.
L’artiste nous représente les espaces dans leurs temps, et, surtout, avec une vision qui lui est propre…. On a pu voir plusieurs soleils dans un espace sphérique clos où, nous retrouvant en leurs cÅ“urs prisonniers, nous vivions l’expérience de cette temporalité, ou du moins de sa vision (à lui) d’une temporalité spatiale.
Glissant de peinture de camouflage en costumes de peaux cousues évoquant une autre finalité à notre physionomie actuelle, il se meut aux croisements de notre propre réalité. Allant plus loin encore en nous perdant entre une vision microscopique de cellules se développant et macroscopique d’étoiles devenant supernovae.
«Le camouflage sert à transformer, à cacher ce qu’il est vraiment. Le travail sur la surface, qui est aussi la peau, m’a toujours intéressé. Indirectement, mon approche de la cartographie pouvait parler de cette surface-là . On cherche à voir un paysage dans les cartes mais c’est avant tout une représentation scientifique et normée. On peut trouver dans mes productions cartographiques une potentialité de paysage mais c’est d’abord une approche de l’ordre du langage, de la pensée, de ce que cela implique, de son origine, qui m’intéresse.
Il y a d’ailleurs un rapprochement intéressant à faire entre le camouflage et la cartographie, ils sont tous les deux une représentation analytique du territoire, et tous les deux sont une manière de se l’approprier. Une façon de se l’arroger. L’ouverture sur l’univers de la science-fiction, ses codes iconographiques, me permet d’avoir plus de champ, dans le sens où l’on est obligé de se demander d’où viennent ces images, quelles sont les origines de ces codes.» David Renaud