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Sur l’objet surréaliste

L’objet surréaliste est un objet parmi d’autres qui ne se confondra pas avec une œuvre d’art ou un objet standard. Les deux auteurs, Emmanuel Guigon et Georges Sebbag, nous proposent un décryptage de l’objet surréaliste de ses origines à son devenir, entre démystification de l’œuvre d’art et réinvention du réel.

Information

Présentation
Emmanuel Guigon, Georges Sebbag
Sur l’objet surréaliste

Une crise de l’objet s’ouvre quand les marchandises et les artefacts marqués au poinçon de l’utilité envahissent et façonnent la société. Marcel Duchamp réplique au «tout fait» par l’élection ironique du ready made. Les surréalistes procèdent autrement. Ils donnent vie à l’objet à travers une rafale d’actions, d’inventions et de détournements: objets volés, objet-mannequin, objet onirique, boules de neige, objets trouvés, objets à fonctionnement symbolique, poème-objet, etc. Pour eux, l’imaginaire tend à devenir réel. Et ce n’est pas en vain que le rêve rencontre la veille, que le désir croise le hasard. Le merveilleux peut advenir et se concrétiser.

Emmanuel Guigon et Georges Sebbag montrent à travers ce feuilleton de l’objet surréaliste comment les poètes Aragon, Breton ou Crevel, les artistes Bellmer, Cornell, Dalí, Giacometti ou Paalen ont proposé de nouveaux agencements ou de nouvelles connexions entre les jeux, les fétiches, les modèles mathématiques, l’art brut, la morphogenèse et les trouvailles surréalistes. La problématique de l’objet surréaliste conduit aussi à s’interroger sur les équipements ou les appareils de nos sociétés numérisées et technicisées.

«Dans Crise de l’objet, André Breton révèle l’enjeu de la problématique de l’objet: «Certes j’étais prêt à attendre de la multiplication de tels objets une dépréciation de ceux dont l’utilité convenue (bien que souvent contestable) encombre le monde dit réel; cette dépréciation me semblait très particulièrement de nature à déchaîner les puissances d’invention qui, au terme de tout ce que nous pouvons savoir du rêve, se fussent exaltées au contact des objets d’origine onirique, véritables désirs solidifiés. Mais au-delà de la création de tels objets, la fin que je poursuivais n’était rien moins que l’objectivation de l’activité du rêve, son passage dans la réalité.». Il n’existe en fait aucun produit de l’activité humaine, intact ou usé par le temps, trouvé sur le trottoir ou au bord d’une plage, qui ne soit susceptible d’être recyclé. Toutes les entités abstraites ou concrètes se métamorphosent et deviennent nomades. Le certain est qu’un objet n’est jamais identique à lui-même.

L’objet surréaliste possède un indice d’incertitude qu’on peut étendre à n’importe quel objet. C’est un hybride de clous et de fer à repasser (Man Ray), une double articulation de téléphone et de homard (Dalí), un mixte de phonographe et de jambe (Domínguez), un collage de tasse et de fourrure (Oppenheim), un compact de parapluie et d’éponges (Paalen).
Où en sommes nous avec les objets? Nous sommes aujourd’hui entourés d’objets réels et virtuels, de petits et de grands transparents. L’objet surréaliste est comme un intrus qui pourrait nous servir de guide dans la jungle des appareils et les équipements de nos sociétés technicisées et numérisées.»

Emmanuel Guigon est le directeur du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie du Besançon.
Ecrivain, philosophe, Georges Sebbag est historien du surréalisme.

Sommaire
— Amorce
— Chapitre I. Démonstration de l’objet surréaliste par la lentille de Spinoza et le bâton-à-physique de Jarry
— Chapitre II. Feuilleton de l’objet surréaliste
— Chapitre III. Mirabelle et les objets volés
— Chapitre IV. Boules de neige
— Chapitre V. L’objet-mannequin surréaliste
— Chapitre VI. Corps démembré, objets disloqués
— Chapitre VII. Objets échappés du rêve
— Chapitre VIII. Expositions surréalistes de l’objet
— Chapitre IX. Poème-objet
— Chapitre X. Crise de l’objet
— Chapitre XI. Persistance de l’objet
— Chapitre XII. Bouteilles à la mer
— Exit
— Liste des illustrations et copyrights