L’exposition « Les suivants ou les limites de nos capacités » au FRAC des Pays de la Loire, à Carquefou, rend compte de l’action menée par Élodie Brémaud en 2015. Un projet mêlant expédition maritime et réflexion autour de l’acte artistique.
Les Suivants, une action qui interroge l’action artistique.
L’exposition retrace, à travers des installations, diagrammes, cartes, pièces sonores et vidéos, l’action Les Suivants qu’avait conçue en 2015 la jeune plasticienne d’Élodie Brémaud. Ce projet, inspiré par les pratiques performatives des années 1960 telles que celles du mouvement Fluxus, qui s’inscrivait dans la continuité des recherches menées par Élodie Brémaud autour de la notion de défi en tant que force inhérente à l’action mais débarrassée de toute nécessité d’efficacité.
Le parcours se divise en quatre parties intitulées « Préparation », « Action », « Avarie » et « Fuite », dont chacune retrace un des volets du projet Les Suivants. Le but de celui-ci était d’atteindre l’Antarctique, par un voyage au cours duquel Élodie Brémaud, aidée dans son expédition par son et son coéquipier marin Eric Poiraud, aurait collecté des entretiens avec des navigateurs qu’ils auraient croisés et tenu une correspondance avec le FRAC des Pays de la Loire, afin de réaliser une bibliothèque mobile.
L’enjeu de l’expédition Les Suivants, entamée en toute conscience des limites de leurs capacités par les protagonistes, rejoignait celui de la réflexion menée depuis plusieurs années par Élodie Brémaud autour de l’acte artistique. L’objectif n’était en effet pas de réaliser un exploit selon les critères habituels de ce type de projet, à savoir un but au caractère exceptionnel ou un dépassement de soi, mais seulement de s’engager dans une analyse des notions de défi et d’exploration, et de leurs liens avec l’action comme geste artistique.
Une expédition maritime avortée, métaphore de l’enjeu paradoxal de l’acte artistique
C’est pourquoi, lorsque le 4 octobre 2015, après seulement quelques jours de navigation, le bateau sur lequel avait embarqué Élodie Brémaud casse sa barre, c’est le fatalisme qui l’emporte. L’expédition était partie sur les traces de celle menée par Ernest Shackleton, un explorateur du début du vingtième siècle qui tenta en vain de traverser l’Antarctique et dont le navire fut détruit par les glaces.
Pourtant après les chapitres « Préparation », « Action » et « Avarie », Élodie Brémaud ajoute un quatrième, « Fuite », qui correspond à une allure que peut adopter un marin devant une tempête, afin de sauver son bateau et son équipage. Une méthode qui soumet le navire aux flots mais permet ensuite de découvrir des terres inconnues. Dans le projet de d’Élodie Brémaud, cette fuite prend la forme d’un changement de route, d’une traversée de l’Amérique latine jusqu’à Punta Arena, au large de l’Antarctique. Au cours de ce périple, l’artiste a poursuivi ce qui était au cœur de son action : le récit. Celui-ci est à découvrir à travers des vidéos, diagrammes, retranscriptions de réactions provoquées par le naufrage et des enregistrements de voix d’actrices, dans la cale reconstituée de son bateau.