Cécile Beau
Substrat
Cécile Beau s’intéresse aux phénomènes trop lents ou trop discrets pour l’échelle de temps humaine; ceux que l’on ne voit pas ou qui sont à peine perceptibles. Elle s’en empare pour renverser nos perceptions ordinaires. Avec «Substrat», elle propose une fiction semi-souterraine loin de nos repères habituels. Le lieu de la galerie devient une surface sédimentaire qui ne demande qu’à se modifier. La lumière du jour y est raréfiée. Répétition de phénomènes physiques ou organiques complexes, reproductions poétiques d’expérimentations de laboratoire ou fictions spatio-temporelles?
Frangula (2014), est une racine dénudée d’un arbre qui semble s’insinuer subrepticement dans l’espace, discrètement. Erosion (2014), donne à entendre les mouvements tourbillonnaires d’une particule de poussière promenée par le vent. En modélisant le cheminement de cette particule par une installation sonore, Cécile Beau fait de l’érosion un produit de notre imagination.
La série Thalle (2014), présente des figures familières et pourtant indéfinissables: paysages vus du ciel, amas de cellules? Le thalle désigne l’appareil végétatif des lichens. Se nourrissant de poussières transportées par les vents, ils finissent par devenir substrats pour d’autres végétaux.
Surface et profondeur s’inversent, échelle de temps humaine et échelle de temps géologique se chevauchent. Des milliers d’années nécessaires aux éléments pour travailler la pierre sont livrés à une autre échelle, vers la congruence d’espaces-temps impossibles à rapprocher.
Cécile Beau fait apparaître la connaissance intuitive des niveaux d’organisation de l’univers, de leur imbrication, par conséquent la temporalité courte de l’action de l’homme est toujours dans son travail une résurgence de la temporalité longue du cosmos.
Nathalie Desmet