Communiqué de presse
Laurent Hopp
Sublunaire
Est-ce un plateau de cinéma abandonné, et auquel une âme inquiète serait venue redonner pleine lumière, en pleine nuit? Les photographies nocturnes de Laurent Hopp semblent en tout cas témoigner d’une scène pas encore née, ou déjà jouée, dont il ne reste que l’aura, ou le pressentiment. Rien ne se passe en tout cas, ou ne se passe plus. Et nul être humain pour en donner récit. Nul indice, non plus, pour donner prise sur cette réalité. Prises au fil de ses voyages, et se prolongeant au gré de ses nuits, ces images se dépouillent de tout signe vernaculaire pour construire une série aux limites de l’irréel. Une piscine bizarrement allumée se ponctue de sa forme jumelle, empêtrée dans l’obscurité. Un téléphone surgit de l’ombre comme un signe abstrait, ou une tour de télévision de la forêt. Ni soleil ni étoile ni lune… La lumière est ici un comble d’artifice : néon de restaurant, lampadaires embrouillardés, lueurs de la ville se heurtant à un ciel lourd. Si bien qu’elle donne à la nature, omniprésente dans ces vues pas réellement urbaines, une allure tout aussi factice. La profondeur des noirs lui sert d’écrin jusqu’à envahir parfois l’image dans sa quasi-totalité. Ne se réveille alors qu’un souvenir d’une réalité difficilement déchiffrable, que l’on peine à ne pas croire manipulée. Pourtant, ces lumières ont beau palpiter du rouge le plus irréel, ou du plus fluo bleu, elles ne naissent ni de filtre ni de manipulations informatiques : c’est bien dans une ville quotidienne qu’elles se nichent. Mais peu savent s’arrêter à leur appel.
Emmanuelle Lequeux