Ricky Allman
Sturm und Drang vs The Enlightenment
Au coeur du Marais, quartier bouillonnant de vie, la Daniela da Prato Gallery est un nouvel espace d’art contemporain qui se veut résolument moderne et épuré.
Un métissage underground donne le ton de la galerie. Une urbanité assumée et stimulante lui confère sa vraie singularité.
La galerie exposera régulièrement des jeunes artistes internationaux de premier plan. La directrice de la galerie, Daniela da Prato, soutient et promeut de jeunes talents de tous horizons depuis maintenant plusieurs années. En 2009, elle est la commissaire d’exposition de «Golden Gates , Contemporary Art from the Middle East», exposition collective d’artistes du Moyen Orient qui rendait compte de façon percutante de toutes les problématiques économiques, sociales et politiques qu’induisent ces pays et comment l’artiste résiste et témoigne. Elle participe en tant que membre du jury au prix Abraaj Capital Art Prize à Dubai de 2008 à 2011 et dirige depuis maintenant six ans F&A Projects , structure gérant des artistes du Moyen Orient.
Dans un contexte précaire de mondialisation où tout est à redéfinir continuellement, l’artiste, dans un échange interculturel, pose les jalons d’un nouveau dialogue. L’ambitieux projet de cette nouvelle galerie est la recherche d’une expressivité féconde et pertinente ainsi que d’artistes émergents et confirmés, véritables témoins de leurs temps.
Cette résonance voulue par la directrice de la galerie prend véritablement corps avec le premier artiste exposé, Ricky Allman et sa première exposition personnelle en Europe:«Sturm und Drang vs The Enlightenment». Ce jeune artiste américain, originaire de l’Utah offre un travail onirique et totalement jubilatoire. D’obédience mormone, l’abandon de l’artiste pour cette religion prodigua à son travail une véritable inflexion. Cette perception tout autre de la réalité lui insuffla une ouverture soudaine au monde environnant. Sur des grands formats, l’artiste représente un univers étrange et apocalyptique. Des vues où prennent corps des formes architecturées très minutieuses et léchées. Des espaces labyrinthiques et machines complexes, représentation d’un monde psychédélique, surréaliste et déshumanisé. Le travail plastique de l’artiste à l’instar de celle de l’op-art s’apparente à une recherche quasi-mathématique, voire scientifique de la forme.
On se perd dans un dédale codifié d’éléments non déterminés, de formes organiques, microcosme d’un plus vaste macrocosme. On retrouve dans certaines de ses toiles la vitalité du Futurisme, son dynamisme et son mouvement, comme si cent ans plus tard, l’artiste n’était plus le chantre du modernisme mais le témoin inquiet de son impasse. Ricky Allman transcende ses démons et donne à voir un espoir, une lumière, un réenchantement possible. En filigrane de sa recherche formelle, une énergie évidente émane de son travail en une exubérance de formes et de couleurs, une véritable explosion jaillissante.
«Sturm und Drang vs The Enlightenment» est une appréhension totale, plastique et personnelle, d’une énergie de la lumière et du renouveau.