Communiqué de presse
Sylvie Auvray, Delphine Coindet
Stupeur!
«Stupeur !» n’est pas un group show, mais presque : Sylvie Auvray et Delphine Coindet exposent ensemble (et c’est la seconde fois, après «Sweet and extra dry», à Circuit, Lausanne, en septembre 2007).
Sur l’échelle des imaginaires, des matières et des médiums, ces deux artistes se situent à l’opposé. Sylvie Auvray explore à la main toutes sortes de pratiques (le bois, la peinture, les pastels, le grattage, le dessin partout, tout le temps…)
Delphine Coindet travaille au contraire dans un champ presque exclusivement sculptural et si l’on excepte ses dessins au feutre, elle n’intervient pas physiquement dans la production des pièces. Ses sculptures précises ont d’ailleurs toujours possédé cette qualité générique qui les installe entre le règne de la 3D et celui de l’image plate, conçue sur ordinateur. Les couleurs sont éclatantes, industrielles, modernes, et la main de l’artiste est presque absente, comme dans la gothique colonne Rock hard, et le mobile présentés dans «Stupeur !».
L’univers de Sylvie Auvray, lui, est obsessionnel, excessivement personnel, même si elle détourne à l’occasion des images trouvées. Il vaudrait mieux parler d’images cherchées, d’ailleurs, dans les revues surannées, les cartoons rétro, les marchandises désuettes, et tout le reliquaire des années 50.
On le devine donc, il y a bien quelque chose qui relie ces deux artistes, et, comme une réponse à cet état, c’est peut-être une attention soutenue au choc des matières et au destin des objets, un même goût pour le choc des textures et celui des imprimés. Sylvie Auvray et Delphine Coindet partagent un intérêt identique pour la chose pop, et elles en livrent deux interprétations divergentes, mais également perverses, un pop générique et chatoyant d’un côté, l’exploration vernaculaire d’un kitsch charmeur de l’autre.
La panoplie de la-jeune-fille-parfaite qu’on trouve par endroits chez Sylvie Auvray (papillon, fleurs fraîches, dentelles et couleurs pastel) ne dissimule que très partiellement un trouble inquiétant. Pas simplement jolies, les jeunes filles ont l’air démentes, au bord de la pendaison, et les ménagères sur le point d’imploser. La série des bibelots-projectiles – cristallise très clairement cette tension : des coiffes queer, des pingouins, un mini-bestiaire, des citrons, un panda, un âne en peluche, de petits personnages libertins et autres fantaisies du siècle des Lumières et le plus petit king kong du monde, toutes ces joliesses décoratives sont embourbées dans le plâtre, transformées en grenade. Le geste est drôle. Il est aussi cruel : un petit daim a la patte prise dans du plâtre blanc, captif et perdu comme l’innocent agneau d’Away from the flock.
Chez Delphine Coindet aussi, la fraîcheur fonctionne comme un piège : l’échantillonnage de toutes les textures, la composition extrêmement arbitraire des pièces, et les illusionnistes jeux de miroir sont des appâts. La séduction violente qu’exercent ses pièces révèle un désir de capturer le spectateur, et de l’étonner au sens le plus fort du terme, bien plus que de lui plaire. Pourquoi les années 50 semblent-elles si loin ?
Le vernissage se déroulera entre 18h et 20h.
critique
Stupeur