« Studio Shakhari Bazar 1997-2006 » de Gilles Saussier
Depuis 1997, Gilles Saussier se rend régulièrement dans la vieille ville de Dhaka au Bangladesh où l’enclave hindoue capte particulièrement son attention. Il y prélève des «fragments de réel» le long de sa rue sinueuse de 300m de long: beaucoup de portraits — une manière d’établir le contact avec les gens — dans les ateliers des sculpteurs traditionnels de divinités comme dans les salons de coiffure, ou chez le boucher. A l’hôtel Kalpana, il finit par nouer des relations amicales avec les propriétaires, Brindapan Nag et son fils Dipok qui l’aident à monter une exposition de ses photographies sous un chapiteau en tissus et bambous à la façon des banquets de mariage et des fêtes religieuses.
Saussier choisit d’exposer soixante-quatorze portraits de personnes susceptibles de se reconnaître facilement et auxquelles les photos furent distribuées à la fin de l’exposition: chaque personne est re-photographiée tenant son portrait à la main, le nom et l’adresse de chacune est consignée par Saussier dans un registre.
En 2001, 2004, 2005 et 2006, il revient pour dit-il: «rendre visite aux images et aux personnes». A chaque visite, il documente la dissémination de ses photographies dans les intérieurs et réalise de nouveaux portraits. Un processus de mise en abîme s’engage, formé de plusieurs couches de portraits superposés. Il est arrivé aussi qu’un peintre d’affiches (Studio Aaka Publicity) ait copié certaines photographies en peinture sur toile, aussitôt photographiées à son tour par Saussier.
L’aboutissement de ce travail mené depuis dix ans est à la fois l’exposition (à chaque fois revisitée et augmentée) et le livre du même titre: Studio Shakhari Bazar*, lequel sera sans doute aussi remis en jeu, sous une forme ou une autre…
Gilles Saussier
Né en 1965, Gilles Saussier entre à l’agence Gamma en 1989. Il couvre la Révolution roumaine, la Guerre du Golfe, découvre le Bangladesh suite au cyclone de 1991. En 1994, il rompt avec le photojournalisme, s’installe à Dhaka, coopère avec MAP, un collectif de photographes bangladais. De retour en France, il publie l’enquête documentaire Living in the fringe (1998), et s’intéresse aux rapports entre art conceptuel et tradition photographique documentaire. Depuis 2003, il est représenté par la Galerie Zürcher où il expose régulièrement.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Stéphanie Katz sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Studio Shakhari Bazar, 1997-2007.