ART | EXPO

Strates

06 Fév - 05 Avr 2014
Vernissage le 06 Fév 2014

La pratique artistique de Gabriele Basch associe peinture sur toile, «wall drawing» et papier découpé. Ses œuvres sont composées d’une toile tissée et stratifiée, qui s’émancipe de la cimaise et instaure un dialogue entre le lieu d’exposition, la surface d’accrochage et le visiteur.

Gabriele Basch
Strates

Les œuvres de Gabriele Basch sont le fruit d’une pratique hybride entre peinture sur toile, «wall drawings» et «cut-outs». L’artiste tisse une toile délicate et stratifiée qui s’émancipe de la cimaise pour instaurer un dialogue entre la surface d’accrochage, le lieu d’exposition et le spectateur. Au fil de la ligne et de l’imagination, la circonscription de l’œuvre s’effondre. Le territoire représentationnel se définit comme volume et l’espace devient tableau.

Dans ce réseau complexe tout en couleurs, motifs et silhouettes, les détails naturalistes élaborés côtoient une liberté du geste pictural dont l’artiste respecte tous les accidents. L’artiste travaille essentiellement avec la peinture à l’huile et les bombes aérosol dont elle apprécie l’imprécision, qui ramène au premier plan, les possibilités formelles de la peinture. Dans ses toiles les plus récentes, la couleur peut être considérée comme un médium ayant acquis une fonction autonome dans la construction du tableau. Taches et éclaboussures viennent perturber la netteté des contours photographiques servant de toile de fond rationnelle à l’œuvre. Dans sa démarche créative, le temps nécessaire est laissé à toutes les émergences, aussi contrastées, exubérantes ou ténues soient-elles.

Si dans les peintures de l’artiste, le format tend à l’immensité et les bords de la toile présentent autant d’intérêt que son centre, ses travaux réalisés à partir de papier découpé, installent la représentation dans un rayonnement et une circulation qui outrepassent la perspective classique. Le décentrement est total, la hiérarchie des figures et des échelles est éradiquée.

Paradoxalement, c’est en aplanissant les différentes composantes de son œuvre que Gabriel Basch rétablit un rapport du plan au volume. La coloration des deux faces du support (recto-verso) ajoute un jeu de reflets vifs et vibratoires qui déploie, en parallèle de la broderie initiale, une ré flexion sur l’espace d’exposition et le regard du spectateur. L’altération des teintes au recto du papier confère un caractère résiduel à l’image. Cette dimension lacunaire de la représentation génère de subtiles variations sensorielles entre la précision du dessin et la furtivité photographique.

L’univers visuel de Gabriele Basch est un parcours initiatique tortueux parmi des entrelacs de formes et d’histoires en négociation permanente. Le métissage en représentation dans le travail de l’artiste autorise la coexistence d’influences et de messages multiples, qui agissent comme des révélateurs mutuels.

Ainsi, le modernisme des lignes franches et des à plats colorés relatifs à l’abstraction picturale, altère sans complexe, une ornementation de la surface faisant écho à l’art romantique. La dentelle sage et paisible dissimule toujours sa part d’ombre et d’ambivalence.

Lorsqu’à force d’attention, le voile intimiste se dissipe, un soupçon d’inquiétude se fait sentir. Les souvenirs personnels et la mémoire collective constituent un fondement commun à la remise en question de notre environnement à laquelle procède l’artiste. L’œuvre de Gabriele Basch est toute entière tournée vers une éducation du regard, exploitant le potentiel fascinatoire de la peinture autant que le doute salvateur que ses détournements et faux-semblants inspirent.

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