Communiqué de presse
Gaëlle Hippolyte
Strange machines we are
« Cet éclat et cette splendeur dont s’entoure la société productrice de marchandises et le sentiment illusoire de sa sécurité ne sont pas à l’abri des menaces ». (Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXè siècle)
Le Point Éphémère présente « Strange machines we are », une exposition personnelle de Gaëlle Hippolyte dans le cadre de sa résidence.
La pratique de Gaëlle Hippolyte marie des sources multiples. Emprunts revendiqués au dessin animé ou la bande dessinée des années 30, se référant tant à un Öyvind Fahlström qu’à la culture alternative américaine et ses arts graphiques (Robert Crumb, Mike Kelley…), les figures simplifiées ou burlesques développées par Gaëlle Hippolyte souvent à l’échelle un, abordent l’espace de manière sensible.
Déclinées en un dessin rapide, spontané et monochrome, ces figures fonctionnent comme autant de collages protéiformes ou composites, interférant avec le lieu d’exposition. En résonance à ces fictions filaires, Gaëlle Hippolyte développe un travail de sculpture et d’agencement de volumes construits, combinant références à la modernité ou au spectacle, toujours en prélude à une investigation du lieu et ses usages.
« Strange machines we are » est un projet à la forme binaire, combinant son et sculptures en une formule topographique proche d’un paysage urbain industriel.
« Les belles écouteuses », installation composée de trois volumes associés à une pièce sonore imaginée par Pierre-Yves Macé invite le spectateur à un parcours se référant implicitement à la ville moderne, à l’industrie et au travail. Dans ce dialogue se joue une sorte de scène galante, le spectateur déambulant dans l’espace comme dans les parcs tristes de Verlaine.
Chez Gaëlle Hippolyte, il s’agit moins d’imposer des formes stricto sensu que d’interagir avec le texte que constitue une société (inachevé, évolutif). Les images d’usines de « Strange machines we are » sont autant de représentations, d’illusions du progrès, de la condition humaine. Elle passent de la forme qui recherche l’effet plastique à la forme qui rend compte d’une histoire, celle qui soumet les faits à un examen critique.
Les maquettes, à échelle humaine, proposent une nature morte postmoderne et mécanique, invitent à une fiction imagée. Les sculptures- objets évoquent également la photographie industrielle et utopique de la fin du siècle dernier ou celle, plus récente, de Bernd et Hilla Becher.
Interrogeant le progrès et le triomphe de l’industrialisation, les sculptures contournables mais impénétrables illustrent les mots de Blanqui sur la condition de l’homme moderne : « même monotonie, même immobilisme (…). L’univers se répète sans fin et piaffe sur place. L’éternité joue imperturbablement dans l’infini les mêmes « représentations ».
« Strange machines we are » active un déplacement du visiteur qui, arpentant l’exposition et son topos, déambule dans le maillage de la modernité comme dans celui du monde.
Vernissage
Mardi 2 septembre 2008. 18h-21h.
Evénement
Visite de l’exposition avec l’artiste le mardi 9 septembre à 18h.
Gaëlle Hippolyte présente en parallèle du 2 au 14 septembre « Mambo for freaks » à l’occasion de Jazz à la Villette. Elle inaugure également par la conception avec Lina Hentgen d’un cahier de coloriage téléchargeable sur le site de Point Éphémère, de nouveaux rendez-vous avec le jeune public.
Exposition ouverte tous les jours. 14h – 19h. Entrée libre.