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Storytellers

05 Avr - 31 Mai 2008

Bouchra Khalili utilise le médium vidéo en raison de son impureté, qui lui permet de situer son travail aux limites du cinéma et des arts plastiques, du documentaire et de l’essai, rendant mouvante les frontières entre ces pratiques. Ses oeuvres interrogent les territoires dédiés au nomadisme et à l’errance.

Communiqué de presse
Bouchra Khalili
Storytellers

Depuis 2002, Bouchra Khalili se consacre à la production de vidéos (monobandes et installations).  L’artiste utilise ce médium en raison de son impureté, qui lui permet de situer son travail aux limites du cinéma et des arts plastiques, du documentaire et de l’essai, rendant mouvantes  les frontières entre ces pratiques. Ses vidéos explorent l’espace méditerranéen envisagé comme un territoire dédié au nomadisme et à l’errance. L’artiste documente les lieux qu’elle traverse et l’imaginaire que ces lieux génèrent. Bouchra Khalili produit ainsi des représentations de la dimension mentale de ces espaces, en les déplaçant vers une expérience perceptive singulière, qui témoigne de la réalité contemporaine de l’émigration et de ses récits.

À l’occasion de l’exposition «Storytellers» à la galerieofmarseille, Bouchra Khalili expose des œuvres récentes produites en 2007 et 2008, entre Paris, New York, Marseille, et Istanbul. En combinant géographie physique et imaginaire, Khalili tente de dresser une cartographie alternative des trajets migratoires contemporains. Brouillant volontairement les repères topographiques qui pourraient révéler la localisation des lieux explorés, elle s’attache à une pratique intensive du déplacement géographique, plastique, et conceptuel.

Ainsi dans Mapping Journey (vidéos et photographies, 2008), Bouchra Khalili confronte l’expérience vécue de l’émigration avec l’aplat des cartes géographiques. De même qu’Entrer dans l’Histoire (sérigraphie sur adhésif, 2008) en réactivant la tradition du calligramme arabe, révèle une autre carte de l’Afrique, celle du malentendu qui pèse sur un continent qui « ne serait pas suffisamment entré dans l’Histoire ».

Circle Line
(installation vidéo) forme une nomenclature possible de l’émigration aux Etats-Unis. Sur deux écrans, se répondent des phrases extraites du questionnaire destiné aux candidats à la régularisation, et des fragments d’une conversation avec un illegal, tandis que sur le troisième écran se déroule la bande-son d’une cérémonie de naturalisation. Parallèlement, des images de la ville défilent en travellings hypnotiques.

Cette mise en relation complexe d’images documentaires et fantomatiques, de langues différentes, de sons «in» et «off», de récits réels ou potentiels, est caractéristique des vidéos de Bouchra Khalili, et notamment du triptyque Des Histoires Vraies – Straight Stories (vidéo, 2006 et 2008 pour les deux premiers volets).

Tandis que le premier volet se déployait entre le Sud de l’Espagne et le Nord du Maroc, le deuxième volet présenté à l’occasion de cette exposition explore Istanbul, et plus précisément le Bosphore. Comme le Détroit de Gibraltar, le Détroit du Bosphore est à la fois une frontière physique qui sépare deux continents (l’Europe et l’Asie), et une frontière imaginaire. Mais cette zone intermédiaire est surtout devenue depuis les années 90 un véritable déambulatoire où des migrants en transit attendent de pouvoir aller plus loin vers l’Ouest. Pour la majorité d’entre eux, ce qui ne devait être qu’un arrêt provisoire est devenu une escale permanente.

Procédant par mouvements constants de déconnexions spatiales, visuelles, et sonores, Straight Stories-Part 2 (vidéo, 3 monobandes, 2008) dévoile une expédition mentale qui nous amène à la rencontre de ceux qui hantent ces lieux, et nous confient leur désir d’en partir ou d’y rester, de rentrer ou de poursuivre leur voyage.

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