L’exposition « Stoneware Murals » à la galerie Loevenbruck, à Paris, dévoile des sculptures inédites du duo franco-britanique Daniel Dewar et Grégory Gicquel. Des œuvres qui poursuivent l’entreprise de perpétuelle réinvention de la sculpture menée par les deux artistes depuis plus de quinze ans.
Une revalorisation de la sculpture
S’opposant à la théorie née la fin des années 1960 selon laquelle la sculpture aurait perdu sa spécificité et se serait fondue dans les arts plastique de façon indifférenciée, Daniel Dewar et Grégory Gicquel opèrent par leurs Å“uvres une constante mise en perspective de la pratique même de la sculpture. Leurs créations renvoient non sans humour à leurs contradictions les tentatives de dévaluation de cet art. Elles s’intéressent en particulier à cette critique : la sculpture serait une industrie ne produisant rien d’autre que des objets. En effet, la sculpture est partagée entre des procédés de fabrication sérielle, soumis à des machines ou à des techniques et la création manuelle perçue comme seul mode valable d’expression artistique. Cette contradiction inhérente à la sculpture et arbitrairement soulignée pour la disqualifier est au centre de la démarche de Daniel Dewar et Grégory Gicquel.
« Stoneware Murals » : des sanitaires et lavabos en hauts-reliefs
Trois sculptures en haut-relief sont réalisées sur un fond constitué de carreaux en céramique de taille standard et de diverses teintes. Sur chacune, un banal objet fonctionnel, typique de la production industrielle, est reproduit en plusieurs exemplaires : cuvettes de WC, lavabos et porte-savons. Tous semblent identiques mais sont pourtant imperceptiblement différents puisque réalisés chacun à la main comme une pièce unique. Ainsi se révèle la part artistique des objets usuels fabriqués en série. Les sanitaires deviennent une allégorie moderne de la céramique, la plomberie une œuvre d’art majeure. Les œuvres de Daniel Dewar et Grégory Gicquel célèbrent notre époque en même temps qu’elles prennent le contre-pied des critiques subies par la sculpture.
Une quatrième sculpture murale, également conçue spécialement pour l’exposition, accompagne ce triptyque de fausses productions sérielles. Sur une nouvelle surface carrelée s’alignent d’autres copies sans original : une frise de pipes de forme identique, anonymes, mais au bec plus ou moins relevé. Disposées à différentes hauteurs, elles ne semblent attendre que de potentielles bouches. Par cette présence en creux du corps humain, l’œuvre souligne combien celui-ci modèle et sculpte ce qui nous entoure.