La galerie nantaise RDV accueille le travail de quinze artistes émergents dans une exposition collective intitulée «Stonehenge» (nom du célèbre monument mégalithique composé de structures concentriques, situé près de Salisbury). Tous récemment diplômés de l’École supérieure des beaux-arts d’Angers et de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole, ces artistes ont dû se plier à une contrainte commune.
Chacun d’eux dispose de deux cartons blancs qu’il doit intégrer dans une Å“uvre originale et d’un pan de mur supplémentaire d’un mètre trente de largeur pour exposer d’autres Å“uvres. Opérant individuellement ou en duo, chaque artiste s’est approprié ces cartons pour en détourner l’usage, dépasser la forme, sonder les limites de leur matière…
Le dispositif d’Arthur Chiron déjoue la contrainte en réduisant les cartons à une image qui lui permet d’explorer les notions d’intégrité et d’identité de l’œuvre. Les deux cartons empilés sont photographiés, la photo est tirée en lithographie dans laquelle est découpée une fenêtre de dix centimètres sur quinze — format de l’estampe réalisée pour la tombola qui a financé l’exposition. Le fragment soustrait à la lithographie est apposé sur l’estampe produite pour la tombola. L’œuvre se trouve ainsi disséminée entre le lieu de l’exposition et les mains des gagnants de la tombola.
Guillaume Jezy et Jérémy Knez intègrent les deux cartons à une sculpture en forme de table intitulée Forum 1: l’un est fixé au-dessous du plateau, l’autre posé dessus. Entre les deux cartons est posée sur la table une plaque de verre qui agit à la fois comme un présentoir qui met en valeur le contenu hypothétique du carton et comme une vitre transparente ouverte sur un microcosme intérieur. Les deux cartons sont compressés comme s’ils contenaient une masse d’air en train de s’épuiser. Le temps semble compté dans l’espace scellé des deux cartons, où se joue une fiction à inventer.
Les installations et sculptures réalisées autour des cartons côtoient des œuvres murales. Un ensemble de dessins de Laura Bottereau et Marine Fiquet intitulé Retour de bâtons met en perspective le rapport formel entre le sujet du dessin et son support, entre le contenu et le contenant: les javelots d’un premier dessin viennent trouer le texte d’un second dessin.
Les gravures à la pointe sèche de la série Séjours de Maria Luz Le Doare Petit ont été réalisées à partir de photographies prises lors de séjours avec des adultes handicapés. Leur mise en scène dévoile les individus et les corps dans toute leur singularité.
Au gré du parcours, installations visuelles, vidéos ou sonores, sculptures, photographies et dessins forment un panorama foisonnant de la jeune création contemporaine.